VIH-SIDA: combiner les traitements usuels à une chimiothérapie ciblée
Par Benje le dimanche, juin 28 2009, 08:51 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source:Université de Montréal
Une découverte par une équipe de chercheurs canadiens et américains ouvre la voie vers de nouvelles thérapies contre le VIH-SIDA. Dorénavant, il pourrait être possible de traiter l'infection au VIH-SIDA en ajoutant une chimiothérapie ciblée au traitement actuel appelé HAART (Highly Active Anti-Retroviral). Cette solution inédite permettrait de détruire autant les virus circulants dans le corps que ceux dissimulés dans les cellules du système immunitaire.
L'étude ayant mené à cette conclusion sera publiée
dans Nature Medicine; elle a été dirigée par le Dr Rafick-Pierre Sékaly
de l'Université de Montréal. Le Dr Jean-Pierre Routy, de l'Institut de recherche du Centre Universitaire de santé McGill (CUSM) et des chercheurs des
National Institutes of Health et de l'Université du Minnesota aux
Etats-Unis ont également collaboré à ce projet.
Jusqu'à présent les traitements contre le SIDA se sont toujours heurtés
à l'élimination des "réservoirs du VIH": des cellules du système
immunitaire où le virus se cache et où les traitements HAART actuels ne
peuvent pas l'atteindre. Les chercheurs ont réussi à identifier les
cellules où se cache le VIH ainsi que les mécanismes qui permettent au
virus d'échapper aux traitements actuels. Ils ont ainsi ouvert la voie
à de nouvelles thérapies complètement différentes de ce qui est utilisé
actuellement
"Nos résultats plaident en faveur d'une stratégie semblable à celle
utilisée contre la leucémie: une chimiothérapie, associée à un
traitement immunitaire ciblé, souligne le Dr Rafick-Pierre Sékaly,
professeur à l'Université de Montréal, chercheur au Centre de recherche du Centre Hospitalier de l'Université de Montréal, directeur INSERM 743 et directeur scientifique du Vaccine and Gene Therapy Institute de Floride. Cela permettrait de
détruire les cellules contenant un virus, tout en donnant au système
immunitaire le temps de se régénérer avec des cellules saines."
"Pour la première fois, cette étude prouve que les réservoirs du VIH ne
sont pas dus à une insuffisance de puissance des antirétroviraux mais à
la persistance du virus dans deux types de cellules immunitaires CD4 mémoires à vie
longue, explique le Dr Jean-Pierre Routy, hématologue au CUSM,
chercheur en Infection et immunité à l'Institut de recherche du CUSM,
ainsi que professeur en hématologie à l'Université McGill. Il existe
donc plusieurs types de réservoirs du VIH, chacun d'eux nécessitant un
traitement différent afin d'être éliminé."
En effet, une fois que le virus est dissimulé dans ces
cellules-réservoirs il en devient dépendant: si la cellule vit, le
virus vit mais si la cellule meurt, le virus meurt aussi. Détruire ces
cellules immunitaires revient donc à éliminer la partie la mieux cachée
du virus. Les traitements HAART actuels détruisent efficacement les
virus circulants dans le corps, mais ne peuvent pas atteindre ceux
dissimulés dans les cellules-réservoirs.
"Nous avons désormais de toutes nouvelles options à explorer au cours
des prochaines années pour combattre le VIH, conclut Nicolas Chomont,
stagiaire post-doctoral au département de microbiologie et immunologie
de l'Université de Montréal et l'un des co-auteurs de cette étude. La combinaison des approches fondamentales et cliniques a mené à des résultats
étonnants qui nous permettent d'élucider un autre des mystères de ce
virus aux mille visages."
Ces nouvelles options thérapeutiques nécessiteront encore de nombreuses
années de recherche avant d'être validées et de devenir une réalité
pour les patients. Cependant cette étude représente un plan de travail
inestimable qui permettra d'orienter de nombreux laboratoires sur toute
la planète.