Source: CNRS

Alors que la réparation du système nerveux central a longtemps été considérée comme impossible, des chercheurs français de l'Inserm, du CNRS et de l'UPMC (associant les équipes dirigées par Alain Privat -Unité Inserm 583 "physiopathologie et thérapie des déficits sensoriels et moteurs"- et Jacques Mallet du Centre de recherche de l'institut du cerveau et de la moelle épinière -UPMC / CNRS / Inserm) viennent de mettre au point un dispositif qui pourrait favoriser la régénération des neurones après un traumatisme. Ces travaux menés in vitro viennent d'être publiés dans la revue Plos One.

La réparation du système nerveux central et la restauration d'une activité motrice volontaire grâce à la repousse des axones ont longtemps été considérées comme impossibles chez les mammifères. Au cours de la dernière décennie, de nombreuses tentatives ont été dans l'ensemble décevantes. L'équipe Inserm dirigée par Alain Privat a montré récemment qu'un élément essentiel freinant cette régénération était dû à l'activité des astrocytes, ces cellules nourricières qui entourent les neurones.

En temps normal, les astrocytes ont pour rôle principal d'apporter les éléments nutritifs nécessaires au bon fonctionnement des neurones. En cas de traumatisme ou de lésion de la moelle épinière, ils synthétisent deux protéines particulières (la GFAP - Glial Fribillary Acidic Protein - et la Vimentin) qui isolent le neurone endommagé afin de ne pas perturber le bon fonctionnement du système nerveux central.

Si cette protection est utile dans un premier temps, elle engendre à long terme la formation d'un tissu cicatriciel imperméable autour du neurone. Cette "cicatrice" constitue une sorte de grillage impénétrable hostile à la régénération axonale et donc à la propagation de l'influx nerveux. En cas de traumatisme important, ces cicatrices engendrent la paralysie motrice.

Fort de ces premières observations, la stratégie poursuivie par les chercheurs a donc été de mettre au point un outil thérapeutique capable de bloquer la formation de ce tissu cicatriciel. Pour cela, ils ont utilisé une technique de thérapie génique basée sur l'utilisation des ARN (acide RiboNucléique, molécule servant à transférer les instructions génétiques inscrites dans l'ADN du noyau vers le cytoplasme -chez les eucaryotes-, où ces instructions sont exécutées par la cellule) interférents. Ces petites séquences d'ARN fabriquées sur mesure ont été, à l'aide d'un vecteur thérapeutique viral, introduites dans le cytoplasme d'astrocytes mis en culture. Une fois dans la cellule, elles activent des mécanismes qui bloquent la synthèse des deux protéines secrétées par les astrocytes et responsables de la formation de la cicatrice. Grâce à cette technique, les chercheurs ont réussi à contrôler la réaction des astrocytes, et quand ceux-ci sont cultivés avec des neurones, à favoriser leur survie et à déclencher la repousse axonale.