Il semblerait que, après tout, se faire entendre dire que l'on a une cervelle d'oiseau est loin d'être la pire des insultes. Du moins, si l'on se réfère aux corbeaux. Une équipe de chercheurs d'Oxford (Royaume-Uni) a publié, mercredi 5 août, une étude dans la revue scientifique en ligne PLoS One, qui tend à démontrer que les corbeaux sont des animaux dotés d'une forme d'intelligence analytique et déductive.

L'étude a été menée sur des corbeaux de Nouvelle-Calédonie qui, à l'état sauvage, sont déjà capables d'utiliser des outils dans le but d'atteindre de la nourriture. Une expérience menée en 2002 avait déjà montré qu'un corbeau, en captivité, était capable d'inventer spontanément des outils en fonction du besoin, encore une fois dans le but direct de se nourrir.

En revanche, utiliser des outils dans un but qui ne soit pas directement celui de se nourrir est réputé être l'apanage d'une intelligence humaine, et pourrait avoir été une étape clé dans l'évolution de l'homme. L'utilisation d'outils en séquence – prendre un outil pour utiliser un autre outil – a déjà été observée chez beaucoup de primates et chez des corbeaux néo-calédoniens, d'après des recherches menées en Nouvelle-Zélande.

Une équipe d'Oxford a, à son tour, mené une nouvelle étude sur sept corbeaux néo-calédoniens. Les animaux, en captivité, ont été testés sur des séries de tâches exigeant l'utilisation de trois outils dans une séquence pour atteindre de la nourriture. Les oiseaux devaient utiliser un petit outil, le glisser dans un outil plus grand pour ainsi pouvoir attraper un troisième outil encore plus grand et enfin atteindre un morceau de nourriture, inatteignable sinon.

Cinq corbeaux ont réussi, dont quatre du premier coup, sans aucun entraînement préalable. Et une analyse précise du comportement des oiseaux prouve qu'ils n'ont pas agi au hasard. Lorsqu'un oiseau reposait un outil pour en prendre un autre, il choisissait toujours un outil plus grand que le précédent.

Cette étude démontre donc une compétence jamais observée chez des oiseaux, mais met également l'accent sur l'importance d'une approche prudente dans la comparaison des compétences cognitives. Un comportement intelligent peut être décelé sans qu'il y ait forcément des facultés mentales très élevées.