Auteur de l'article: Pierre-Alain RUBBO

Depuis toujours, la vie sur Terre a été rythmée par des successions d’extinctions d’espèces animales et végétales. Dans la majorité des cas, elles sont le résultat d’une catastrophe soudaine tuant massivement une grande variété de créatures comme à la fin du Crétacé il y a 65 millions d’années qui a vu disparaître, entre autres, les dinosaures. Aussi, ces extinctions peuvent être plus sournoises et être le résultat de la destruction progressive de l’habitat des espèces concernées. Cependant un troisième scénario inconnu jusqu’à présent semble exister : la possibilité que certains types d’organismes soient génétiquement plus sujets à disparaître, en dehors des effets de l’environnement.

Dans le but de décrire ce phénomène, les biologistes de l’évolution Kaustuy Roy de l’Université de Californie à San Diego, Gene Hunt du Musée National d’Histoire Naturelle de Washington D.C. et David Jablonski de l’Université de Chicago dans l’Illinois ont étudié le taux d’extinction de bivalves marins tels que les moules, les huîtres, les palourdes ou encore les coquilles St Jacques. Ces espèces composées d’une coquille dure en carbonate de calcium sont naturellement protégées des agressions extérieures.

En utilisant des bases de données regroupant des informations sur l’évolution et les fossiles de 1678 types de bivalves existant il y a 200 millions d’années, les scientifiques ont mis en évidence l’existence d’une corrélation entre la disparition de certaines espèces et leurs plus proches parents génétiques. Les chercheurs ont conclu que cette corrélation ne pouvait en aucun cas être le résultat du hasard et que plusieurs genres d’organismes doivent contenir des marques génétiques les rendant plus susceptibles de disparaitre. Ces travaux sont exposés dans la revue Science du 7 août 2009.

Ces résultats sont pertinents dans l’optique actuelle des efforts de conservation d’espèces animales et végétales. Il apparaît que malgré tout, l’homme ne sera pas capable de lutter contre l’extinction de certaines espèces. Une nouvelle stratégie à envisager serait de préserver au maximum les genres et les familles même si certaines espèces disparaissent à l’intérieur de celles-ci pour ainsi protéger le potentiel de diversité de ces lignées pour le futur.