Dès les premiers jours du développement d'une tumeur maligne, notre système immunitaire identifie les cellules cancéreuses non comme des anormales, et donc à éliminer, mais comme des éléments de notre organisme à protéger. Ce résultat, publié par l'équipe de David Klatzmann (UPMC/CNRS/Inserm) dans le Journal of Clinical Investigation, remet totalement en cause le concept antérieur selon lequel il existerait une "immunosurveillance" du cancer par laquelle notre système immunitaire reconnaîtrait les cellules tumorales dès leur formation comme malades, puis les éliminerait.

"Lorsqu'une réponse immunitaire est activée par l'organisme, deux types de lymphocytes (globules blancs) sont notamment mis en jeu : les T régulateurs et les T effecteurs, précise le communiqué du CNRS. Les premiers reconnaissent les constituants issus de notre propre organisme et protègent nos tissus d'une attaque par le système immunitaire. À l'inverse, les lymphocytes T effecteurs reconnaissent spécifiquement des constituants étrangers et ont pour fonction de les détruire."

L'équipe de David Klatzmann a montré, chez des modèles animaux, que l'apparition des toutes premières cellules cancéreuses déclenchait immédiatement une réponse des lymphocytes T régulateurs, qui migrent rapidement vers la tumeur. Ces T régulateurs bloquent alors l'action des lymphocytes T effecteurs, les empêchant d'attaquer et de détruire les cellules cancéreuses.

Les chercheurs ont également montré qu'en l'absence de lymphocytes T régulateurs lors de cette première rencontre entre système immunitaire et cellules tumorales, les réponses effectrices du système immunitaire se mettaient en place et permettaient d'éradiquer la tumeur. Ils estiment donc que le contrôle des lymphocytes T régulateurs devrait être une composante essentielle dans le développement de futures thérapies contre le cancer. Leur découverte ouvre par ailleurs d'autres perspectives thérapeutiques, comme les vaccinations préventives antitumorales.