Révolutionner la pédagogie par l'introduction de l'ordinateur à l'école est un vieux fantasme.

Dans les années 1960, André Malraux avait fait équiper en téléviseur les salles de classe, persuadé que cet outil d'avenir allait révolutionner la pédagogie. Depuis, cet amour des politiques pour les nouvelles technologies, et particulièrement dans leur déclinaison pédagogique, ne s'est jamais démenti. Claude Allègre, en son temps, avait déclenché l'ire des professeurs en vantant l'interactivité, qui devait éradiquer l'échec scolaire puisque «quand l'élève pose une question, l'ordinateur répond».

Pourtant, malgré les déclarations d'intention, la France accuse un sérieux retard en matière d'«e-éducation», avec une piètre 24e place mondiale pour l'usage des nouvelles technologies en classe, selon un classement de la Commission européenne en 2006. Au conseil général des Landes, on se plaint de n'avoir obtenu aucune aide du ministère, pas même pour évaluer les résultats de l'opération. «Mais de fait, reconnaît-on au service numérique du conseil général, à la direction des technologies et des systèmes d'information du ministère, ils ont un budget d'environ 8 millions d'euros par an. C'est ce dont nous disposons pour un simple renouvellement de nos ordinateurs portables.»

Xavier Darcos avait lancé de grands projets en la matière : «espaces numériques de travail», «écoles numériques rurales», «cyber-bases» dans les écoles primaires, cahiers de textes numériques dans les collèges et lycées à l'horizon 2010… Mais ce sont avant tout les collectivités locales qui assument le coup du passage à l'ère numérique.

Casser le «rapport frontal»

Outre les Landes, l'Ariège et les Côtes-d'Armor sont pionnières en matière d'équipement des établissements scolaires, notamment par l'installation du haut débit. La Région Midi-Pyrénées, quant à elle, se flatte d'avoir généralisé les «espaces numériques de travail», c'est-à-dire une offre d'accès à des ressources numériques pour tous les membres de la «communauté éducative», élèves, professeurs, personnels non enseignants et parents.

Mais au-delà du simple équipement des écoles en écrans, ou du passage, pour les élèves du primaire et du secondaire, du B2i, le «brevet informatique et Internet», le rêve de certains politiques est bien de transformer la pédagogie. Casser le supposé «rapport frontal» entre professeurs et élèves, rendre l'élève «acteur de sa formation», et le professeur simple «metteur en scène» des savoirs : autant de fantasmes nourris par les adeptes de l'ordinateur à l'école. Reste bien sûr à démontrer que ces dispositifs améliorent réellement le niveau des élèves. Ce qui n'est pour l'heure pas le cas.