Auteur de l’article : Pierre-Alain RUBBO

Dans cette étude les chercheurs ont observé les effets à court terme d’un régime à haute teneur en graisses sur les performances physiques et cognitives de rats. Pour cela, les rats sont nourris pendant 9 jours soit avec de la nourriture standard de laboratoire (7,5% kcal provenant des graisses) soit avec de la nourriture à forte teneur en graisses (55% kcal provenant des graisses). Leur capacité d’endurance est ensuite évaluée grâce à un tapis roulant alors que leur mémoire à court terme est testée à l’aide d’un labyrinthe.

Précisément, les rats sont habitués pendant 2 mois à se déplacer dans un labyrinthe contenant 8 bras séparés au bout desquels il a été placé de la nourriture en guise de récompense. Le temps mis par les rats pour parcourir les 8 bras ainsi que le nombre de bonnes décisions prises avant de faire une erreur, c’est-à-dire retourner dans un bras déjà visité, sont considérés. De plus, les rats nourris avec chacun des deux types de repas vont être ensuite séparés en 2 nouveaux groupes : un groupe « sédentaire » et un groupe « actif » qui court sur le tapis roulant de manière régulière.

Les résultats montrent que les rats auxquels les chercheurs ont donné des repas riches en graisses absorbent la même quantité mais ingèrent plus de calories que leurs congénères nourris avec de la nourriture classique, accélérant par la même occasion leur croissance. Aussi, les rats se nourrissant de repas à haute teneur en graisses sont moins endurants pendant l’effort que les rats nourris normalement et parcourent 35% de distance en moins sur le tapis roulant au bout de 5 jours d’entrainement. En particulier cette différence peut-être expliquée par le fait que les muscles de ces animaux sont moins capables d’utiliser l’oxygène pour fabriquer l’énergie indispensable à leur effort, entrainant une augmentation du volume du cœur qui travaille davantage pour compenser.

Pour expliquer ce phénomène, les chercheurs ont remarqué qu’une protéine de la mitochondrie appelée UCP3 (uncoupling protein 3) est retrouvée en plus grande quantité chez les rats nourris avec des repas riches en graisses. L’augmentation de la quantité d’UCP3 entraîne une diminution de l’efficacité de la mitochondrie à utiliser l’oxygène pour la récupération et le stockage de l’énergie dans les cellules musculaires (sous forme d’ATP). Cette différence peut également être la raison pour laquelle les rats faisant du tapis roulant et nourris avec les repas « gras » sont en moyenne plus lourds que ceux nourris avec des repas classiques.

La différence de poids n’est d’ailleurs pas retrouvée chez les 2 groupes de rats dits « sédentaires ». En plus d’une diminution de leurs capacités physiques, les rats consommant la nourriture à forte teneur en graisses pendant 9 jours, qu’ils soient « sédentaires » ou « actifs », montrent un déclin de leur activité intellectuelle lors du test du labyrinthe. En effet, ils semblent en moyenne faire plus d’erreurs et mettre plus de temps pour réaliser le parcours que les autres.

Ce travail montre, s’il en était encore besoin, qu’il existe une importante relation entre la nourriture et les capacités intellectuelles et physiques. Cette association bien connue sur le long terme (obésité, diabète, perte d’attention, agressivité...) semble exister et jouer un rôle sur le court terme également. Ces résultats suggèrent donc que faire attention à ce que l’on mange peut avoir un intérêt immédiat pour sa santé physique et mentale...au moins chez les rats.