Publié le 04/09/2009

Les progrès de la médecine ont rendu possible le dépistage de prédispositions génétiques au cancer avant la naissance, soit par une technique de diagnostic pré-implantatoire (DPI) après une fécondation in vitro, soit par un diagnostic prénatal (DPN). Les pratiques en la matière sont très variables d'un pays à l'autre. En France, l'autorisation de leur réalisation dépend des centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal (CPDPN). L'équipe de Claire Julian-Reynier, directrice de recherche Inserm au sein de l'Unité 912, vient de réaliser une étude sur l'acceptabilité du DPI et du DPN pour les prédispositions génétiques au cancer par les professionnels de santé impliqués. Ses résultats sont publiés ce mois-ci dans Journal of Clinical Oncology.

Cette étude a été menée à partir d'autoquestionnaires remplis par près des deux tiers des 123 médecins onco-généticiens enregistrés par l'Agence de biomédecine et des 47 coordinateurs de CPDPN. La moitié des médecins oncogénéticiens ont discuté avec leurs patients, l'an dernier, des questions de DPI et de DPN. L'acceptabilité théorique est de plus de 80 % pour les mutations prédisposant à des cancers multiples survenant dans l'enfance avec une probabilité de développement très élevée chez les porteurs de la mutation, et pour lesquels il n'existe aucun traitement ou prévention efficace disponible. En revanche, lorsque les cancers ne risquent d'apparaître qu'à l'âge adulte (avant 50 ans) et qu'une prévention ou un traitement préservant la qualité de vie sont possibles, moins de 15 % de ces professionnels trouvent ces pratiques acceptables.

Les chercheurs n'ont pas noté de différence d'acceptabilité pour le DPI ou le DPN dans les formes de cancers les plus graves ; pour les cancers survenant à l'âge adulte, les résultats sont plus hétérogènes selon le type de cancer évoqué et selon la spécialité des médecins concernés. "Des recommandations cliniques de bonnes pratiques pourraient être une aide à l'organisation et à la standardisation de l'offre de ces interventions d'aide à la procréation dans le cadre des consultations de génétique", estiment les auteurs en conclusion.