Sur le "Pisani Blog" (parties anglaises traduites par Benjamin Auriol)

Wired (la revue de grand papa cyber des années 90) consacre un long article à ce qu’il voit comme une nouvelle tendance forte: la technologie pas mal (good enough) et pas chère (cheap). Si en plus elle travaille vite, elle fait un malheur.

Premier exemple: les caméras Flip à deux sous (oui, je sais les prix réels sur Amazon oscillent entre 90 et 180 dollars. Vous allez pas ergoter quand même). En deux ans elles sont parvenues à occuper 17% du marché américain des photo-cams (camcorders). Wired remarque au passage qu’en temps de crise c’est tant mieux.

L’idée de fond est ici: "Le succès de Flip a abasourdi l'industrie, mais cela n'aurait pas dû. C'est simplement la conséquence de ce qu'on pourrait appeler la technologie "Suffisante". Tout à coup, ces outils peu chers, rapides et simples se retrouvent partout. Nous nous abreuvons d'informations exclusives sur différents blogs, nous appelons parfois en longue distance grâce à Skype, nous regardons des vidéos sur des petits écrans d'ordi plutôt que sur la télé, et un nombre de plus en plus important d'entre nous transportent de vulgaires ordinateurs "netbook" à faible puissance pour nous permettre de butiner la toile ou consulter nos courriels. La popularité du Bas de Gamme n'a jamais été aussi haute."

Second exemple: les MP3. Le son est moins bon que sur un CD mais on peut en gaver nos iPods et les faire circuler sur l’internet. C’est plus commode, donc… Suffisant.

Ne croyez pas au mythe de la qualité!” hurle Clay Shirky depuis son fauteuil de prof de new media à NYU. Les entreprises qui misent là-dessus se gourent. On sait depuis Clayton Christensen que les technologies perturbatrices commencent toujours par s’imposer alors qu’elles ont moins de qualité que celles qui dominent et que les pros y trouvent une bonne raison de les dédaigner.

Autres exemples: Skype et le Cloud computing. Les services sont moins bons, mais on y gagne en commodité et on peut souvent faire des choses impossibles avant. "Good enough". Dans le domaine militaire, les Predators sont lents et volent bas mais font relativement bien le boulot pour une fraction du prix des vrais avions de ce type.

Et n’oublions jamais que dans tous ces cas, les technologies perturbatrices, celles qui font moins bien le travail mais qui le font assez bien pour nous intéresser parce qu’elles sont plus commodes sont beaucoup moins chères. Comparez donc votre note Skype et votre note de téléphone.

La baisse des coûts est même la raison pour laquelle on voit des micro cliniques s’installer dans des centres commerciaux: plein de machines, deux docteurs et 80% des besoins des patients peuvent être satisfaits. Alors, ça vous tente ce monde “suffisant” ?