Papillons de nuit, chenilles ou drosophiles pourraient bientôt remplacer les millions de souris utilisées chaque année pour les tests médicaux en laboratoire, rapportent des chercheurs, mardi 8 septembre.

Des biologistes ont découvert que certaines cellules des mammifères et des insectes réagissent de la même manière en cas d'infection. Ces conclusions pourraient permettre à l'industrie pharmaceutique de se passer de 80 % des rongeurs aujourd'hui utilisés en laboratoire et d'économiser énormément de temps et d'argent.

"C'est désormais une pratique établie d'utiliser des larves d'insectes pour les tests initiaux de nouveaux médicaments, puis de passer à des souris pour confirmer les résultats", explique Kevin Kavanagh, biologiste de l'Université nationale d'Irlande, lors d'une présentation devant la Société de microbiologie générale. "Cette méthode de test est plus rapide car les insectes produisent des résultats en quarante-huit heures, tandis que les tests avec des souris prennent généralement quatre à six semaines. Et c'est aussi bien moins cher."

85 % DES EXPÉRIENCES SONT MENÉES SUR DES RONGEURS

Kevin Kavanagh et ses collègues ont découvert que les polynucléaires neutrophiles, type de globule blanc du système immunitaire des mammifères, et les hématocytes, qui jouent un rôle similaire chez les insectes, ont la même réaction en cas d'infection microbienne. Ces cellules produisent des protéines semblables qui migrent à la surface de la cellule pour combattre les microbes. Elles ingèrent ensuite le corps étranger et sécrètent des enzymes pour le détruire.

"Nous avons utilisé des insectes en lieu et place des mammifères pour mesurer le caractère pathogène d'une bactérie ou d'un champignon et nous avons constaté une très forte corrélation des résultats, indique encore le chercheur. La raison en est (...) que le système immunitaire naturel des mammifères est similaire à celui des insectes à près de 90 %." Pour M. Kavanagh, c'est la preuve que les drosophiles, les papillons de nuit et les chenilles pourraient être utilisés pour tester de nouveaux traitements antimicrobiens ou déterminer la virulence d'agents pathogènes.

Près de 85 % des mammifères utilisés lors d'expériences sont des rongeurs – majoritairement des souris –, en raison de leur petite taille et de leur rapidité à se reproduire, cette dernière particularité permettant de les étudier sur plusieurs générations.