Par Jean-Marc Manach le 07/09/09 - Via Francis Pisani, sur Tumblr, Friendfeed & Twitter.

Les étudiants dont les cours ont lieu en tout ou partie “en ligne” obtiennent, en moyenne, de meilleurs résultats que ceux qui assistent aux mêmes cours, mais de façon traditionnelle, en face à face.”

La conclusion de l'étude que vient de publier le ministère américain de l’éducation, a le mérite de la clarté. Le New York Times n’hésite d’ailleurs pas à titre que “l’éducation en ligne bat la salle de classe“. L’étude en question est moins péremptoire, et incite à plus de modération.

Les auteurs, membres du Centre pour la technologie dans l'éducation de SRI International (l’ex Standford Research Institut), insistent en effet sur le fait que sur les 1132 études publiées entre 1996 et 2008 qu’ils ont analysées, seules cinq se penchaient de façon expérimentale et explicite sur les mérites comparés des cours en ligne et des classes traditionnelles auprès d’enfants et d’adolescents.

Pour parfaire leur “méta-analyse“, ils ont donc également pris en compte 94 autres études portant sur l’apprentissage en ligne ou la formation à distance de militaires, personnels médicaux, étudiants, etc. de 13 à 44 ans.

Si les études portant sur les cours par correspondance (par vidéoconférence, télévision ou courrier interposés), n’ont jamais montré leur supériorité par rapport à l’enseignement traditionnel, l’étude relève, a contrario, que “les cours combinant apprentissage en ligne et en face à face sont plus performants que ceux qui ne sont effectués qu’en ligne seulement“.

L’éducation en ligne n’est pas supérieure en tant que médium, mais en terme d’attention

Pour être encore plus précis, ce qui marche le mieux, c’est de profiter des services (vidéo, messagerie instantanée) et outils (collaboratifs, notamment) disponibles sur le web pour personnaliser le cours en fonction des individus qui y assistent. Le recours aux technologies est ainsi un moyen d’inviter les apprenants à être plus actifs, à “apprendre en agissant” plutôt qu’en écoutant seulement.

Ainsi, les gains escomptés seraient moindres lorsque les enseignants “dirigent” les cours, ou se contentent de les enrichir de vidéos, questionnaires ou quizz, que lorsque les élèves sont invités à se les approprier, de façon autonome, interactive ou collaborative.

Interrogée par le New York Times, Barbara Means, coordinatrice de cette analyse, explique que “le principal enseignement de cette étude est la démonstration que l’apprentissage en ligne n’est pas un pis-aller quand il n’existe pas d’autre moyen, mais qu’il peut être meilleur que les méthodes conventionnelles d’éducation.” Le rapport, quant à lui, évoque un gain “modestement plus efficace” :

Cette méta-analyse ne démontre pas que l’enseignement en ligne est supérieur en tant que médium (mais) en terme de temps passé, de programme et de pédagogie, et de la combinaison de ces conditions, d’autant que les cours en ligne sont bien plus propices à l’expansion du temps passé à étudier que ne l’est l’enseignement en face à face.”

L’étude conclut également que les bénéfices sont bien plus probants dès lors que les élèves sont sous-diplômés ou âgés que lorsqu’il s’agit d’enfants ou d’adolescents, et en appelle à d’autres analyses scientifiques de la question, au vu des développements attendus, et de l’engouement, liés à l’éducation en ligne.

En commentaire du billet que Nicholas Carr consacre à ce sujet, deux enseignants pointent également du doigt un autre biais : les expériences étudiées ayant été le fait d’enseignants ayant fait le choix de s’impliquer dans ce type d’apprentissage en ligne, il n’est pas étonnant de voir que les résultats s’avèrent globalement positifs, la qualité de l’enseignement dépendant en bonne partie de l’implication de l’enseignant.

Et puisqu’il est aussi question de l’économie de l’attention, l’une d’entre-elles rajoute à ce titre avoir été “étonnée de découvrir que j’en apprenais plus sur la personnalité de mes élèves en ligne que je ne pouvais le faire en classe. Probablement parce qu’être en ligne induit plus d’interactions interpersonnelles“.

Aux Etats-Unis, 63% des enseignants des écoles primaires et secondaires déclaraient, en 2007, disposer d’un accès à l’internet à haut débit dans leurs classes, et plus d’un million d’élèves de 5 à 18 ans (sur un total de 48,4 millions) ont ainsi eu droit, en 2007-2008, à des cours en ligne.