Analyser les effets des nanotubes de carbone in vivo
Par Benje le jeudi, octobre 1 2009, 09:49 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CEA
Alors que la toxicité des éléments de taille nanométrique (de taille inférieure à un millionième de millimètre, soit 10^-9 mètre) fait l’objet de nombreuses études, des chercheurs du CEA sont parvenus à mettre au point une méthode de marquage isotopique qui rend possible une visualisation extrêmement fiable du comportement des nanotubes de carbone au sein des organismes vivants. Ces résultats publiés dans l’édition en ligne de JACS (Journal of the American Chemistry Society) du 29 septembre ouvrent la voie à des études de toxicologie plus approfondies permettant de statuer sur le caractère toxique ou non de ces composés.
Par leurs propriétés mécaniques exceptionnelles, les
nanotubes de carbone peuvent contribuer à de multiples applications
industrielles et commencent à faire leur apparition dans notre
environnement familier. Cependant, leurs caractéristiques physiques et
chimiques - taille, forme fibreuse et grande stabilité chimique - ont
conduit les agences réglementaires de santé à s’interroger sur les
risques encourus en cas d’exposition humaine.
La question centrale posée aux chercheurs est de savoir si de telles
nanoparticules pourraient être éliminées par l’organisme en cas
d’exposition.
Pour répondre à cette question, des équipes de la Direction des
sciences du vivant et de la Direction des sciences de la matière du CEA
se sont associées dans le cadre de son programme transversal
Nanosciences. Elles ont développé des procédés de synthèse permettant
de marquer des nanotubes de carbone avec des atomes de carbone 14 (isotope radioactif du carbone, noté 14C qui
peut est utilisé comme traceur biologique; cet élément est également
connu pour son utilisation dans les méthodes de datation: on mesure
alors son activité radiologique dans la matière organique dont on souhaite connaître l’âge),
sans altérer leur structure et leurs propriétés. Grâce à ce
radiomarquage, après exposition de rats à ces nanotubes, l’analyse de
leur distribution dans les différents tissus de l’animal a pu être
réalisée par l’utilisation d’imageurs capables de détecter le rayonnement émis par le 14C.
Les premières expériences de biodistribution ont d’ores et déjà permis
de montrer qu’une fois présents dans l’organisme ces nano-objets
s’éliminent lentement.
Disposant maintenant d’une méthode de suivi des nanotubes d’une très
grande sensibilité chez l’animal, il devient possible de déterminer si
ces nano-objets pourront être totalement éliminés par l’organisme ou
s’ils présenteront une biopersistance marquée, susceptible de conduire
à long terme au développement de pathologies chez l’homme.