La thérapie génique au secours de la greffe de poumon
Par Benje le lundi, novembre 9 2009, 12:32 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, la thérapie génique a permis de réparer les poumons endommagés de donneurs potentiels afin qu’ils puissent être utilisés pour la transplantation. Ce travail a été publié dans la revue Science Translational Medicine parue le 28 octobre 2009. L’équipe à l’origine de cette innovation médicale est dirigée par le docteur Shaf Keshavjee du McEwen Centre for Regenerative Medicine de Toronto au Canada. Il est estimé qu’avec cette nouvelle technique, le nombre de donneurs d’organes disponibles pour une transplantation pulmonaire pourrait doubler. Cette nouvelle permettrait de sauver beaucoup de vies chez les patients en attente de greffe du poumon.
Bien que la première transplantation pulmonaire ait été réalisée chez
l’homme dès 1987, elle est l’une des moins pratiquées des greffes
d’organes principalement à cause du manque de greffons sains. La très
grande majorité des poumons greffés sont prélevés chez des patients en
état de mort cérébrale. Dans plus de 80% des cas, celle-ci peut
engendrer une inflammation des poumons et les endommager partiellement,
les rendant incompatibles avec une greffe. Pour réparer les cellules
pulmonaires et diminuer cette inflammation, les auteurs de l’article
ont mis au point une nouvelle stratégie.
Dans un premier temps, les poumons prélevés sont conservés hors du corps dans un dôme de protection à une température de 37°C. Le système développé par l’équipe canadienne fait passer en
continu à travers les organes une solution contenant des protéines, des
nutriments et de l’oxygène, mimant les conditions physiologiques
normales. Ensuite, les chercheurs injectent dans les poumons un virus
modifié non pathogène (un adénovirus responsable du rhume) contenant le gène de
l’interleukine 10 (IL-10), cytokine connue pour son effet naturel
anti-inflammatoire. Par cette technique le gène de l’IL-10 est
transféré aux cellules des poumons endommagés qui expriment alors la
protéine IL-10 permettant une amélioration significative de leurs
fonctions jusqu’à 30 jours après l’injection. Les scientifiques ont montré que l’expression pulmonaire de l’IL-10 a lieu environ 6 heures après l’intégration du gène dans leur ADN.