Source: CNRS

Des scientifiques des laboratoires "Mécanismes adaptatifs: des organismes aux communautés" (MNHN/CNRS), "Origine, structure, évolution de la biodiversité" (MNHN/CNRS) et du Département des jardins botaniques et zoologiques du Muséum national d'Histoire naturelle ont recensé à 10 ans d'intervalle la biodiversité végétale à la frange de la forêt pluviale guyanaise. Le résultat est alarmant: un cinquième de la biodiversité végétale n'aurait pas été renouvelé en 10 ans. En cause: le réchauffement climatique. Les résultats de cette étude sont publiés dans le journal Global Change Biology du mois d'octobre 2009 et viennent d'être présentés à la communauté scientifique lors du congrès forestier mondial qui s'est tenu du 18 au 23 octobre à Buenos Aires, en Argentine.

Sur un intervalle de 10 années, entre 1995 et 2005, l'ensemble des espèces végétales a été recensé à la frange de la forêt pluviale guyanaise, sur les pentes de l'inselberg des Nouragues (station de recherches du CNRS, Guyane française). Cet inventaire révèle une chute d'environ un cinquième du nombre d'espèces végétales, quelle que soit l'échelle d'étude considérée. Les stades juvéniles des arbres et arbustes sont les plus touchés, avec un quart des individus qui ne se seraient pas renouvelés. Sur la surface étudiée, représentative de l'inselberg, la moitié des espèces rares ont ainsi disparu en dix ans, les espèces communes étant peu, voire pas du tout touchées.

La cause la plus probable du phénomène observé, qui touche au recrutement des espèces végétales (compensation des morts par les naissances), est le réchauffement planétaire, qui touche la Guyane autant, sinon plus, que le reste du globe (+2°C en 50 ans). Les très fortes années sèches s'avèrent de plus en plus fréquentes et ne permettent plus le renouvellement normal des populations végétales.

Contrairement aux hypothèses émises sur la base de travaux théoriques, le phénomène touche de manière indistincte tous les types de végétaux, laissant supposer qu'il s'agit d'une crise écologique majeure, liée au réchauffement global actuel, s'ajoutant ainsi aux effets directs de la déforestation.