Source: Eurekalert et Université McGill

Un traitement personnalisé pour lutter contre le VIH/SIDA en voie de devenir réalité. Ce traitement innovant pour les patients porteurs du VIH/SIDA élaboré par des chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) réussit avec succès la première phase de ses essais cliniques. Développée par le Dr Jean-Pierre Routy de l'Institut de recherche du CUSM (chercheur de l'axe "Infection et immunité", il est également Professeur associé en hématologie à l'Université McGill, ainsi que clinicien-chercheur senior du Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ)), en collaboration avec le Dr Rafick Sékaly de l'Université de Montréal, cette nouvelle approche prend la forme d'une immunothérapie personnalisée pour chaque patient. "Il s'agit d'un vaccin préparé pour chaque patient - en d'autres termes une thérapie " haute couture " à la place d'un traitement " commun" à tous" livre le Dr Routy.

En "préparant" le système immunitaire, comme pour un vaccin, afin de lutter contre la souche spécifique du VIH/SIDA ayant infecté un patient en particulier, les chercheurs croient avoir élaboré une thérapie qui s'avèrerait extrêmement prometteuse et qui pourrait constituer une arme encore plus efficace pour lutter contre le virus comparée aux cocktails d'antirétroviraux actuellement utilisés.

Les résultats de la première phase des essais cliniques, qui testait l'effet conjugué de cette thérapie et des antirétroviraux ont récemment été publiés dans la revue Clinical Immunology. La deuxième phase des essais cliniques, qui est pratiquement terminée, met à l'épreuve l'efficacité de cette seule thérapie dans huit sites canadiens différents.

Cette nouvelle thérapie utilise des cellules dendritiques qui sont prélevées chez chaque patient infectés par le VIH/SIDA et ensuite multipliées in vitro. Les cellules dendritiques présentent à leur surface des molécules issues du virus envahisseur, ce qui permet au reste du système immunitaire d'identifier le virus en question et de l'attaquer. "Ce sont les " chefs d'orchestre " de la réponse immunitaire» explique le Dr Routy. "Ces cellules stimulent, en même temps, toutes les fonctions du système immunitaire.»

Durant l'essai clinique, les cellules dendritiques ont été mises en contact avec de l'ARN (acide ribonucléique) du VIH du patient infecté. Cette exposition a encouragé les cellules à développer des défenses spécifiques à cette souche de virus. Les cellules modifiées, appelées AGS-004, ont ensuite été réinjectées aux patients.

Non seulement, les cellules AGS-004 ne causeraient pas d'effets secondaires mais les chercheurs ont également mesuré un nombre élevé de lymphocytes CD8, cellules "tueuses" du système immunitaire qui sont mobilisées par le traitement. Ce qui confirme que l'intervention est à la fois ciblée et contrôlée.

De cette façon, en renforçant le système immunitaire, le Dr Routy espère développer un traitement pour lutter contre le VIH/SIDA qui nécessitera peu d'injections et à long terme, aura une plus faible toxicité pour les patients que les antirétroviraux.