Serres solaires, poulaillers bioclimatiques, fours à bois... Pour améliorer les conditions de vie des populations des pays en développement, pas forcément besoin de technologies de pointe! L'heure serait-elle désormais au "low-tech"?

En juin dernier, le Groupe Énergies Renouvelables, Environnement et Solidarités (Geres), une association française, s'est vue décerner l'Ashden Energy Champion Award, qui désigne le meilleur projet international de développement durable. Une récompense prestigieuse pour avoir dopé la production de légumes dans une région de l'Himalaya indien, à l'aide de serres construites avec des ressources presque exclusivement locales. Preuve que des techniques simples, maîtrisées et peu onéreuses peuvent optimiser les ressources naturelles et énergétiques, tout en protégeant l'environnement.

"Depuis plusieurs années, nous multiplions les projets durables dans différents pays du Sud", explique Alain Guinebault, directeur de l'association. A Ladakh, dans l'Himalaya indien, les bénévoles du Geres installent donc des serres agricoles solaires en collaboration avec les populations locales. Avec des températures pouvant descendre jusqu'à -30°, ces structures permettent la culture de légumes, même pendant la période hivernale. "Pour les habitants de ces régions au climat hostile, c'est l'assurance d'être autonome et de pouvoir se nourrir correctement pendant la plus grande partie de l'année."

Chauffage solaire contre bouses de vaches au Tibet

De petites choses qui peuvent véritablement changer la vie des populations. "Au Tibet, la plupart des écoles sont fermées de décembre à avril, à cause du froid. Le reste de l'année, les élèves se chauffent à l'aide de poêles alimentés par des bouses de vaches qui dégagent des vapeurs extrêmement toxiques." Depuis 2008, le Geres a entrepris d'installer un chauffage solaire dans plusieurs établissements scolaires. Car malgré des températures très basses, la région bénéficie d'un exceptionnel ensoleillement tout au long de l'année. Dans ces écoles, la température a augmenté de presque 10°: de quoi faire chauffer les neurones des élèves tibétains!

Dans certaines zones montagneuses, la géographie et le manque de moyens empêchent la mise en place d'un réseau électrique. Le Geres a donc imaginé utiliser l'eau des rivières alimentées par les glaciers comme source d'énergie: "Il suffit d'y installer une petite turbine hydroélectrique. Pour un village isolé, ça peut vouloir dire un moulin électrique, un extracteur d'huile, une scierie, l'éclairage, une baratte à beurre..." Le Geres intervient dans plus d'une dizaine de pays et s'est récemment engagé en Afghanistan.