Des arbustes de molécules pour la santé
Par Benje le jeudi, janvier 7 2010, 22:00 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: CNRS (Journal)
Les arbres moléculaires ne cessent de donner de beaux fruits. Aussi appelées dendrimères (du grec dendron, arbre, et meros, partie), ces macromolécules à la forme arborescente sont l'une des voies d'avenir de la chimie. Car grâce à leurs multiples terminaisons, qui peuvent se compter par centaines, elles offrent un grand nombre de sites chimiquement actifs. Les dendrimères font l'objet de recherches variées dans les domaines des puces à ADN, de la catalyse, de substances médicamenteuses. Une liste à laquelle il faudra dorénavant ajouter le renforcement du système immunitaire et le traitement de l'inflammation, comme vient de le démontrer une coopération entre des chimistes du CNRS et des immunologistes de l'Inserm, à Toulouse.
La première découverte a eu lieu lors d'une étude
systématique de l'action des dendrimères sur les cellules du sang in
vitro. Dans les éprouvettes des chercheurs, des dendrimères possédant
des atomes de phosphore à leurs terminaisons ont provoqué la
multiplication de certains globules blancs appelés Natural Killers
ou NK. Défenseurs les plus polyvalents de l'organisme, ceux-ci
s'attaquent à toute cellule infectée ou cancéreuse: "On a été surpris
de constater que des dendrimères influençaient la population de
globules blancs, raconte Anne-Marie Caminade, du Laboratoire de chimie
de coordination du CNRS, même si on savait déjà que des molécules
phosphorées pouvaient amplifier un autre soldat de l'organisme, une
sous-population particulière de lymphocytes T."
Cette découverte pourrait un jour servir à lutter contre certains
cancers de la moelle osseuse, tel le myélome multiple, en complément de
la chimiothérapie. L'idée est de renforcer, grâce à des injections
régulières de NK, le système immunitaire affaibli par la chimiothérapie
; globules blancs qui seraient obtenus à partir du sang du patient puis
multipliés à l'aide des fameux dendrimères. Si la piste thérapeutique
est séduisante, il faudra franchir certains obstacles – par exemple le
fait que les NK de certains patients ne répondent pas aux dendrimères –
avant de pouvoir l'appliquer.
C'est donc l'autre effet identifié par les chercheurs qui devrait
trouver en premier le chemin des hôpitaux: l'équipe a observé que des
dendrimères phosphatés ont également des propriétés
anti-inflammatoires. Ils pourraient donc soulager les patients atteints
de maladies inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde, qui
s'attaque aux articulations et provoque douleurs et déformations.