Source: Université du Québec à Montréal (UQAM)

Le professeur Denis Archambault du Département des sciences biologiques, et la doctorante Andrea Gomez Corredor, de l’Université du Québec à Montréal, ont fait une découverte majeure dans le domaine de la biologie moléculaire. Ils ont réussi à percer certains des secrets d'une protéine virale, dite Rev, très différente des autres protéines du même type, étudiées jusqu'à maintenant. Les résultats de leur recherche viennent d'être publiés dans la revue scientifique Journal of Virology.

Dans le mécanisme de propagation de certains types de virus présents à l'intérieur d'un organisme, la protéine Rev joue un rôle essentiel. C'est sur cette protéine, et plus particulièrement sur une structure nommée "signal de localisation nucléaire (SNL)" à l'intérieur de cette protéine, que les chercheurs Archambault et Gomez Corredor ont effectué leurs travaux. Ils ont utilisé comme modèle d'étude la protéine Rev du virus de l'immunodéficience bovine (VIB), un rétrovirus apparenté au virus du SIDA chez l'homme.

Les rétrovirus, comme tous les autres virus, se caractérisent par leur incapacité à se multiplier seuls. Pour ce faire, ils ont besoin d'une cellule hôte. Une cellule, rappelons-le, est composée d'un cytoplasme et d'un noyau en son centre. À l'intérieur de celui-ci on retrouve des nucléoles, qui sont des sous-compartiments du noyau. On savait déjà que la protéine Rev, produite dans le cytoplasme, se déplace vers le noyau et les nucléoles d'une cellule infectée par certains rétrovirus. Cette protéine, en se fixant aux ARN viraux qui se trouvent dans le noyau, contribue au passage de la phase précoce à la phase tardive de l'infection. Pour remplir cette fonction primaire, elle doit d'abord pouvoir pénétrer dans le noyau. Pour y arriver la protéine Rev a besoin d'une "clef" soit le "SNL" composé d'acides aminés.

Un signal de localisation nucléaire (SNL) différent des autres

Au fil des ans, plusieurs chercheurs se sont intéressés au SNL de différentes protéines Rev. Jusqu'à maintenant, l'étude de ces protéines démontrait la présence d'un SNL monopartite, c'est-à-dire réparti en une seule séquence continue d'acides aminés. À leur grande surprise, Denis Archambault et Andrea Gomez Corredor ont découvert que la protéine Rev du VIB contenait plutôt un SNL bipartite - composé de deux motifs d'acides aminés séparés par une séquence d'autres acides aminés - une première mondiale pour ce type de protéines présentes chez tous les rétrovirus étudiés jusqu'à ce jour, incluant le virus du SIDA.

De plus, bien que d'autres types de protéines contiennent un SLN bipartite, ce nouveau SLN ne correspond à aucun des SLN bipartites répertoriés jusqu'à maintenant, quel que soit le type de protéines étudiées. Normalement les SLN bipartites se composent de deux motifs d'acides aminés séparés par une séquence d'espacement, soit courte (environ 10 acides aminés), soit longue (environ 30 acides aminés). Dans le cas de la protéine Rev di VIB, elle est atypique en raison de la longueur de la séquence d'espacement (ni longue, ni courte) ainsi que de la composition même en acides aminés de cette séquence.

Enfin, les auteurs ont également identifié un nouveau type de signal nucléolaire qui permet à la protéine Rev de pénétrer à l'intérieur des nucléoles. Bien que le rôle de cette localisation soit inconnu, c'est la première fois qu'un tel type de signal est rapporté chez des protéines d'origine cellulaire ou virale.

Un premier pas vers d'autres découvertes

Selon Denis Archambault, "on se retrouve donc face à une protéine Rev dont les caractéristiques sont très différentes des autres protéines du même type jusqu'à maintenant étudiées. Bien que nos résultats relèvent de la recherche fondamentale, notre étude démontre que nous pouvons apprendre énormément des virus, notamment d'un virus d'origine animale. Nous disposons maintenant d'un modèle particulier qui nous permet d'étudier davantage la relation entre la localisation d'une protéine et son effet sur la cellule hôte, et possiblement sur l'organisme en entier."