Lyon, France - Une équipe de chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) est parvenue à améliorer les capacités sociales des patients autistes grâce à l'ocytocine, hormone dite "du lien".

L'équipe dirigée par Angela Sirigu, neuro-scientifique au CNRS, effectue des tests depuis trois ans sur treize patients atteints d'autisme. Elle espère pouvoir un jour améliorer la condition des victimes de ce trouble caractérisé par un repli sur soi et une difficulté à interagir avec autrui.

Les chercheurs ont, durant les tests, utilisé l'hormone dite "du lien" ou "de l'amour", de son vrai nom ocytocine, notamment connue pour augmenter le sentiment d'amour ou accélérer l'accouchement de la femme enceinte. On savait déjà que lorsque l'on injectait de l'ocytocine dans le cerveau d'un mammifère, son comportement changeait. L'agressivité diminue, son niveau de sociabilité augmente et il résiste plus facilement à la douleur. L'ocytocine diminue la peur, augmente l'appétit et le comportement maternel chez les femelles. Elle joue également un rôle dans l'attachement entre la mère et son nouveau-né.

"Les personnes qui ont participé aux tests n'ont pas de problème moteur. Elles sont intelligentes, certaines ont même un doctorat. En revanche, elles sont en difficulté lorsqu'il s'agit d'entrer en contact, en communication avec l'autre" explique Angela Sirigu.

Les chercheurs ont pour cela testé l'effet de l'ocytocine chez ces patients lors d'un jeu de balle. Les personnes qui avaient inhalé la substance interagissaient beaucoup plus avec les autres joueurs et adaptaient davantage leur jeu aux différentes situations sociales. Ceux qui avaient reçu un placebo n'adoptaient pas ce genre de comportement et se contentaient de renvoyer la balle indistinctement.

Un autre test sur des séries de photos a été effectué. "Les personnes autistes ne parviennent pas à regarder leur interlocuteur dans les yeux" indique Mme Sirigu. Celles sous placebo, regardent la bouche ou l’extérieur de la photo tandis que les personnes sous ocytocine parviennent à regarder le visage. Certaines s’attardent même sur les yeux de la personne photographiée, ce qui est une grande avancée pour les chercheurs.

Cette hormone pourrait conduire à la mise au point d’un traitement adapté à l’autisme dans le but d’améliorer les comportements sociaux. Angela Sirigu annonce cependant qu’avant sa mise sur le marché, il sera nécessaire d’effectuer d’autres recherches, lesquelles nécessiteront de nouveaux financements.