France - Les rétrovirus onco-géniques constituent une famille particulière de virus à l'origine de certains cancers. Une équipe du CNRS qui les a étudiés a identifié un facteur leur permettant de se propager dans l'organisme. Des travaux qui permettront peut-être bientôt la mise au point d'un vaccin contre les cancers qu'ils occasionnent.

Les rétrovirus sont des virus dont le génome est constitué d'ARN : une enzyme leur permet de synthétiser, à partir de cet ARN dit viral, une molécule d'ADN capable de s'intégrer dans l'ADN de l'hôte. Ils utilisent alors la machinerie cellulaire de ce dernier pour se multiplier (réplication).

Comme le VIH (virus de l'immuno-déficience humaine), responsable du sida, les rétrovirus onco-géniques font partie de cette catégorie, et sont, eux, à l'origine de cancers. Chez l'Homme, deux rétrovirus nommés HTLV et XMRV ont ainsi été associés à un type de leucémie et au cancer de la prostate.

L'équipe de Thierry Heidmann à l'Institut Gustave Roussy a travaillé sur la capacité qu'ont les rétrovirus à se propager et à persister chez leurs hôtes, en échappant au système immunitaire. Les scientifiques ont montré que ce processus était gouverné par la protéine d'enveloppe de ces virus. Celle-ci a d'abord un rôle "mécanique" essentiel : elle induit la fusion des particules virales avec la membrane de la cellule cible, permettant la pénétration du rétrovirus dans la cellule de l'hôte. Son second rôle, tout aussi indispensable à la propagation du virus dans l'organisme, est une capacité immuno-suppressive : elle inhibe totalement la réponse immunitaire de l'hôte.

Les chercheurs ont réussi à localiser, dans la séquence d'acides aminés de la protéine d'enveloppe, le domaine responsable de cette propriété. En produisant un rétrovirus muté, dont la protéine d'enveloppe ne peut plus assurer ce second rôle, le pouvoir pathogène du virus est grandement diminué, car l'organisme infecté se défend en produisant de nombreux anticorps et une immunité cellulaire anti-virale. Les scientifiques espèrent aujourd'hui pouvoir élaborer de futurs vaccins, en travaillant sur la base de cette protéine mutée.