Avec le lait, on ne sait plus à quel saint (et non à quel sein, puisqu'il s'agit ici de lait de vache) se vouer. Alors qu'une nouvelle grande campagne de sensibilisation sur la consommation de produits laitiers débute en France actuellement, une nouvelle étude épidémiologique de Parviz Ghadirian, professeur au département de nutrition de la faculté de médecine de l'université de Montréal, et de sa collègue Sara Raimondi, de l'Institut européen du cancer (Italie), établit une corrélation entre la consommation élevée de lait et l'augmentation des risques de souffrir d'un cancer de la prostate.

Cette étude, effectuée auprès de 197 patients ayant reçu un diagnostic de cancer de la prostate et d'un groupe témoin de même importance, a mesuré les corrélations entre ce cancer et plus de 200 produits alimentaires. Elle a démontré que seuls les produits laitiers avaient présenté un lien positif avec ce cancer. Ses auteurs concluent que si l'on consomme plus de 470 g de produits laitiers par jour, le risque d'être atteint d'un cancer de la prostate est deux fois plus élevé qu'avec une consommation de l'ordre de 125 g, mais que cette corrélation n'est observable que pour le lait, et non pour les fromages, yogourts, crèmes ou boissons contenant du lait.

Peu avant, l'Académie nationale de médecine a largement diffusé une lettre, estimant de son devoir de "ne pas laisser passer des allégations gratuites sur le lait, une des substances les plus essentielles à notre santé". "Pour le problème de l'induction de cancers, notamment de la prostate, les études épidémiologiques dont nous disposons ne permettent aucune conclusion définitive, en raison de l'existence de nombreux facteurs de confusion." L'Académie estime que les adolescents qui ne consomment pas de produits laitiers sont déficients en calcium, car leur régime de base ne fournit que la moitié des apports nutritionnels conseillés. Ils ont un risque fracturaire élevé à moyen terme et à un âge avancé. Pour les adultes, l'Académie précise que l'association du calcium (1.200 à 1.500 mg par jour) et de la vitamine D permet de réduire le risque de fracture à partir de l'âge de 50 ans, et que les produits laitiers restent la source principale de calcium et protéines.