La tumeur trompe le système immunitaire en se déguisant en ganglion
Par Benje le jeudi, avril 1 2010, 19:38 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source : EPFL
Une étude menée à l’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne)
permet de découvrir le rôle important que joue le système lymphatique
dans le développement d’un cancer.
Comment le cancer déjoue-t-il la vigilance du système immunitaire? Un
mécanisme clé dans ce domaine a récemment été mis au jour à l’Ecole
polytechnique fédérale de Lausanne. Une étude, menée par Melody Swartz,
professeure et directrice du Laboratoire de mécanobiologie et de
morphogenèse (LMBM), a montré comment une tumeur parvient à éviter les
attaques du système immunitaire en adoptant les caractéristiques d’un
ganglion et créer ainsi un environnement propice à son
développement. Cette découverte, publiée dans "Science" et "Science
express" le 25 mars, met en lumière le rôle important que joue le
système lymphatique dans la maladie. De plus, elle ouvre la voie à de
possibles nouveaux traitements contre le cancer.
«La tumeur trompe le corps en lui faisant penser
qu’elle est un tissu sain», décrit Melody Swartz. Pour comprendre
comment la maladie parvient à se faire tolérer par le système, elle et
son équipe ont concentré leurs efforts sur une protéine naturellement
présente dans les nœuds lymphatiques, qui sert à attirer les lymphocytes
T et à les programmer pour assurer les fonctions immunitaires vitales.
Les chercheurs ont découvert que certaines tumeurs étaient capables de
secréter cette protéine, donnant à leur couche externe l’apparence d’un
ganglion. En attirant et programmant ensuite les lymphocytes T comme le
ferait un ganglion normal, elles se font reconnaître comme inoffensives
par le système et se développent sans se faire détecter.
La plupart des tumeurs ne progressant que si elles arrivent à échapper
au système immunitaire, la connaissance de ce mécanisme, qui leur
permet de s’en cacher ou de le contourner, est un pas important vers de
nouvelles thérapies contre le cancer. «Avoir découvert que les tumeurs
peuvent attirer des cellules T et les éduquer aura des implications
importantes, telles que le développement d'immunothérapies contre le
cancer», relève Jacqueline Shields, chercheuse au LMBM.