Auteur de l’article : Pierre-Alain Rubbo

Plusieurs études épidémiologiques ont conclu à une importance de l’environnement du fœtus in utero dans la détermination de son état de santé après la naissance. En particulier, un plus gros bébé à la naissance aura plus de risque de souffrir ensuite d’obésité pendant l’enfance. D’autre part, il est maintenant bien documenté le rôle bénéfique de l’exercice physique régulier sur la sensibilité de l’organisme à l’insuline, et donc une diminution du risque d’obésité chez les personnes en bonne santé. Or, la femme enceinte, dans les dernières semaines avant l’accouchement, devient résistante à l’insuline. Ce phénomène naturel a pour but de préserver principalement les sucres et les graisses indispensables à l’enfant pour sa croissance.

Les auteurs de l’article qui paraitra en may 2010 dans Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism ont fait l’hypothèse que l’activité physique de la femme enceinte pourrait, par une augmentation de la sensibilité à l’insuline, réduire l’apport des nutriments au fœtus, le poids du bébé à la naissance, et donc le risque d’obésité de l’enfant.

Les chercheurs ont étudié l’effet d’un exercice régulier, le vélo d’appartement, chez des femmes enceintes de plus de 20 semaines, âgées de 30 ans et avec un indice de masse corporelle (IMC) de 25,5 en moyenne, qui ne fument pas et sont en bonne santé. Bien que l’IMC des mères ainsi que la résistance à l’insuline en fin de grossesse ne soient pas modifiés, les résultats indiquent que le poids et l’IMC des enfants nés des femmes ayant eu une activité physique est moins important que ceux des femmes qui n’ont pas fait de sport. Les bébés sont en moyenne 143 grammes plus légers que leurs homologues nés de femmes qui n’ont pas fait de sport durant leur grossesse. Cette réduction du poids semble être liée à la diminution de certains facteurs de croissance chez le bébé (IGF-I et IGF-II) induit par l’exercice physique de la mère. De plus, aucune différence de taille n’a été observée parmi les deux groupes de nouveaux-nés. Il apparait donc que l’exercice physique de la femme enceinte ait un impact sur le poids du bébé qui pourrait réduire sensiblement le risque d’obésité durant l’enfance.