Auteur de l’article: Pierre-Alain Rubbo

Une équipe d’entomologistes de l’Université de l’Etat du Michigan ont découvert que la bactérie Wolbachia induisait une résistance à la transmission du virus de la dengue en inhibant sa capacité de réplication chez le moustique. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue PLoS Pathogens du 1er avril.

La fièvre de la dengue et sa forme hémorragique plus virulente font actuellement partie des pathologies virales transmises à l’homme par les arthropodes (pathologies arbovirales) les plus importantes. Il a été estimé qu’environ 50 à 100 millions de cas survenaient chaque année et que 2,5 milliards d’individus avaient un risque d’être infectés. Le virus de la dengue est transmis à l’être humain principalement par le moustique Aedes aegypti et aucun vaccin ni traitement curatif n’est pour l’instant disponible. Donc, le seul moyen de lutter contre la transmission du virus consiste à contrôler le vecteur de transmission, les moustiques.

Dans la nature, Wolbachia a été retrouvé chez 28% des espèces de moustiques, mais pas chez Aedes aegypti. Dans un précédent travail, les auteurs ont donc introduit des embryons de la bactérie chez ce moustique et Wolbachia s’est maintenue dans toute la population durant 6 ans en se transmettant de la mère à la descendance. Néanmoins, la bactérie ne se transmet pas du moustique à l’homme.

Les résultats montrent que l’interaction entre Wolbachia et le virus de la dengue engendre une inhibition de la réplication virale, de sa dissémination et donc son potentiel de transmission à l’homme est significativement diminué par rapport à des moustiques non infectés par la bactérie. De plus, cette interférence est associée à une augmentation du niveau de base de l’immunité chez ces moustiques ainsi qu’un accroissement de leur durée de vie, qui pourrait parallèlement favoriser la transmission de Wolbachia à leur descendance et donc protéger l’homme contre la transmission du virus de la dengue. Ces données démontrent l’importance de l’utilisation de la bactérie Wolbachia comme méthode de contrôle de la transmission de ce virus. Les futurs travaux devraient s’attacher à démontrer le mécanisme par lequel Wolbachia limite la propagation du virus de la dengue chez le moustique.