L'exploitation des images est assurément l'avenir de la police technique et scientifique. Avec la multiplication de la vidéoprotection en France , des centaines de milliers de clichés vont être demain à la disposition des enquêteurs. Un travail qui deviendra très vite insurmontable s'il est réalisé sans aide technique. À ce jour, en effet, policiers et gendarmes doivent se relayer afin de visionner des centaines d'heures de films pour trouver les images capitales dans le cadre d'une enquête.

C'est pourquoi les services de la police travaillent activement sur un système informatique permettant de détecter rapidement les bonnes séquences. Concrètement, et pour les seuls besoins d'une enquête, un logiciel fera apparaître tous les visages de la vidéo et constituera ainsi un vaste album photos, détruit une fois les investigations menées. En le compulsant, les enquêteurs pourront ainsi par exemple y rechercher le visage d'un enfant signalé disparu dans une gare. Un précieux gain de temps bien souvent déterminant dans les enquêtes. «Ce logiciel servira à toutes les affaires : du terrorisme au trafic de drogue. Les images issues de la vidéo permettront ainsi de confondre un trafiquant de produits stupéfiants qui niait avoir rencontré tel autre revendeur»,explique Patrick Guyonneau, ingénieur en chef de l'armement et patron du service des technologies de la sécurité intérieure. Ce dernier espère que ce dispositif aboutira d'ici à un an. De son côté, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) travaille sur des projets analogues.

Mais quand on extrait de la vidéo la photo d'un suspect, comment ne pas vouloir y mettre rapidement un nom ? La solution serait de soumettre ce visage à un fichier de photos par le biais d'un moteur de recherche. Une méthode de travail tentante mais qui doit encore recueillir le feu vert de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) .

Méthode Bertillon

Cette perspective, si elle aboutissait, aurait d'ailleurs pour corollaire une réflexion sur la nature des photos alimentant les bases de données. Pour l'heure, l'individu est pris de face et de profil, selon la méthode inventée par Alphonse Bertillon et remontant à la fin du XIXe siècle. Or, souvent, les caméras sont installées en hauteur comme c'est le cas pour les distributeurs automatiques de billets. De même balayant la foule, elles capturent nombre de visages pris de trois quarts. Si bien que pour les clichés alimentant les fichiers, on pourrait être amené à exiger que les individus prennent également cette pose et soient pris en photo par le haut. Afin de comparer ce qui est comparable.