Inquiétudes sur la faible longévité des supports numériques
Par Benje le mardi, avril 13 2010, 11:15 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Rédigée par Marc Rees le mardi 30 mars 2010
« Nos sociétés génèrent des masses toujours plus grandes d'information, alors que la durée de vie des supports numériques disponibles pour la conserver n'a jamais été aussi courte. » L’Académie des sciences a présenté son rapport sur la longévité des supports, qui sera publié le 9 avril. Objectif premier : sensibiliser les utilisateurs sur le thème de la sauvegarde, mais surtout de l’archivage, alors « qu’une grande quantité d’informations personnelles, médicales, scientifiques, techniques, administratives, artistiques, etc. est en réel danger de disparition ».
Selon le groupe PSN (pérennité des supports numériques) constitué
d'experts au sein de l'Académie des sciences et l'Académie des
technologies, les supports numériques ont une durée de vie de 5 ou 10
ans. Mais cette moyenne cache des délais nettement moins longs comme ces
8% de CD ou DVD qui sont inutilisables au bout d’un an seulement.
Le discours alarmistes - qui n'est pas
neuf - tranche avec ce que les fabricants "vendaient" à chaque
innovation. Autre problème : plus la capacité est importante – un
mouvement naturel – plus les supports sont fragiles. « L’évolution
des supports étant difficile à prévoir, seul un suivi constant des
données permet d’en assurer l’archivage, avec un coût d’organisation
important » explique le groupe de chercheurs. Différentes
stratégies sont discutées dans le rapport, la stratégie passive (on
archive, on oublie), la stratégie active (la migration perpétuelle) ou
encore la délégation à un prestataire de service, qui présente des coûts
importants.
S’agissant des recommandations de l’Académie des sciences, celle-ci
demande d’abord de débloquer les études « réellement scientifiques
» sur ces phénomènes de vieillissement. Des études « visant à
dégager des formats de supports d’archivage longue durée » qui
seraient menées en étroite liaison avec les États-Unis et le Japon.
Optical Disc Archive Time
Depuis août 2008, le Japon a par exemple constitué l’Archive Disc Test
Center, ou DONE, un centre indépendant disposant de cinq enceintes de
vieillissement accéléré (température et humidité). Ses futures
conclusions seront concrétisées par un logo Optical Disc Archive Time
Test donnant une indication sur les propriétés à l’épreuve du temps. En
France, signalons les travaux du Laboratoire National de Métrologie
et d’Essais dont sont extraites les photos d'illustration.
Éviter la perte des compétences en Europe
Toujours sur le même plan, le groupe demande qu’on évite la perte des
compétences dans le privé et le public, en prenant « les mesures
urgentes » nécessaires à leur préservation « avant qu’elles
aient complétement disparu de l’Europe ».
Troisième recommandation : suite à ces futurs travaux de recherches et
développements, « favoriser l’innovation et l’apparition d’une offre
industrielle de qualité », par exemple par des commandes
d’organismes publics concernés par cette problématique de l’archivage à
long terme.
Enfin, l’étude demande que soit élaborée une véritable politique
d’archivage numérique. D’abord en s’assurant auprès de chaque ministère
que les données importantes sont « bien l’objet du suivi
indispensable à leur survie ». Ensuite, en évaluant l’intérêt d’une
mutualisation des moyens, par exemple par la création d’un centre de
conservation des données numériques à long terme.
Reproduction des supports, multiplication des coûts pour copie
privée
Ces questions, qui contrastent avec celles liées au droit à l'oubli dans
les univers numériques repose aussi la problématique des coûts que
représentent les supports vierges pour les particuliers. À chaque achat
d'un disque dur externe, une clé USB, un CD-Rom ou DVD vierge, etc. est
prélevée une rémunération pour copie privée au profit des ayants droit.
Et ce, qu'on y stocke des albums légalement copiés ou qu'on y archive
les photos du petit dernier de la famille...