Source: Université McGill (William Raillant-Clark)

Des recherches en biologie indiquent que, dans la plupart des domaines, les dépenses consacrées aux questions générales en santé génèrent un rendement largement supérieur

Bien que l'éradication de la variole se soit révélée l'une des réalisations les plus remarquables du 20e siècle, de récentes recherches indiquent que de telles initiatives ne sont pas aussi utiles qu'on puisse le croire. Selon Jonathan Davies, professeur de biologie à l'Université McGill de Montréal, la réduction de la prévalence d'une maladie dans les régions les plus touchées est une stratégie hautement plus efficace et économique que de s'attacher à éradiquer complétement cette maladie, ce qui est extrêmement difficile, en plus de requérir l'investissement de milliards de dollars. Le professeur Davis précise également que les récents travaux menés ont démontré qu'il est possible d'identifier les populations les plus à risque à l'aide de trois variables.

Une grande diversité de mammifères et d'oiseaux locaux dans une région donnée, une importante population humaine ainsi qu'un contrôle inefficace des maladies donnent lieu à une prévalence élevée de la maladie. Le climat joue également un rôle de premier plan lorsqu'il s'agit de déterminer le nombre de maladies, mais cette donnée ne permet pas pour autant d'indiquer le nombre de personnes qui en seront atteintes.

"Aucune maladie n'est restreinte par des frontières politiques. Par ailleurs, une épidémie locale peut rapidement se transformer en pandémie mondiale. Dans cette perspective, la réduction de la prévalence dans une région donnée entraîne des répercussions favorables aux quatre coins du monde", de préciser le chercheur. Les récentes éruptions grippales ont démontré à quel rythme les maladies peuvent se propager d'un pays à l'autre et combien il en coûte de procurer un vaccin à des millions d'individus. En ciblant les populations à risque, il est possible d'empêcher que surviennent des éruptions d'ampleur mondiale, tout en réduisant les sommes qui y sont généralement consenties.

La recherche indique que les efforts à cet effet devraient être déployés dans des pays comptant de vastes populations, ce qui est notamment le cas de l'Inde et du Pakistan, ainsi que dans les régions où pratiquement aucun investissement n'est consenti aux soins de santé, ce qui est notamment le cas à Madagascar et dans la majeure partie de l'Afrique orientale.

Outre son incidence sur la santé, la recherche indique que la maladie entraîne des répercussions sur le comportement humain, l'élaboration de politiques, la stabilité nationale, la fertilité, l'économie mondiale et, plus généralement, l'évolution et la dynamique de l'histoire humaine. En d'autres mots, les ramifications sont colossales. "Bien que l'on sache que la distribution de la maladie a, par le passé, touché l'ensemble des aspects de la vie humaine, l'ampleur des répercussions de ces maladies dépendra des choix qui sont faits aujourd'hui en ce qui a trait à l'allocation de fonds en matière de soins de santé, et ce, à l'échelle mondiale", a conclu le professeur Davies.

Les professeurs Michael Gavin, de la Victoria University of Wellington, en Nouvelle-Zélande, et Robert Dunn et Nyeema Harris, de la North Carolina State University, ont contribué au même titre à cette recherche publiée en ligne par les Proceedings of the Royal Society: B le 15 avril 2010.