Découverte d’une pièce du casse-tête de la thérapie personnalisée contre le cancer
Par Benje le vendredi, mai 28 2010, 09:12 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université McGill (William Raillant-Clark, Service des relations avec les médias - Tél.: 514-398-2189)
Des membres du Département de biochimie de l’Université McGill de Montréal ont effectué une
percée significative en matière de recherche sur le cancer. Ils ont
découvert qu’un petit segment d’une protéine qui interfère avec l’ARN
peut contrôler l’expression normale de gènes, notamment les gènes actifs
dans les cellules cancéreuses.
Publiés en ligne le 26 mai 2010 par le journal Nature, les
travaux ont déjà ouvert la voie à d’importantes applications pour la
recherche en laboratoire et constituent une autre étape vers le type de
thérapies personnalisées contre le cancer que des spécialistes du monde entier tentent ardemment de mettre au point.
Pour demeurer saine, la cellule humaine doit produire les bonnes
protéines au bon moment, et ce, en quantité appropriée. Elle y parvient
notamment grâce à l’ARN interférence, une forme de dégradation
génétique par laquelle de petits morceaux d’ARN, appelés ARNm, bloquent
la production de protéines spécifiques en interférant avec leur code
génétique. Toutefois, tous les ARNm ne peuvent accomplir cette tâche. En
collaboration avec le professeur Nahum Sonenberg du nouveau Complexe
des sciences de la vie de McGill, le professeur Bhushan Nagar et
l’étudiant aux cycles supérieurs Filipp Frank ont fait appel à la
biologie structurelle pour mettre au jour un petit segment de protéines
Argonaute - molécules essentielles à l’ARN interférence – apte à
sélectionner les ARNm adéquats.
Ce faisant, l’équipe a découvert que les protéines
Argonaute pouvaient éventuellement être exploitées pour amplifier la
dégradation. "L’ARN interférence peut servir de démarche thérapeutique
viable pour inhiber des gènes spécifiques exagérément actifs dans des
cas de maladies comme le cancer", a déclaré le professeur Nagar. "Nous
avons maintenant une porte ouverte sur la capacité de modifier
rationnellement les ARNm pour les rendre plus efficaces, voire les
transformer en médicaments."
Même si l’on ne peut envisager d’applications thérapeutiques avant
plusieurs années, ces nouvelles connaissances offrent une avenue pour
réguler la production spécifique de protéines anormales, notamment dans
les cellules cancéreuses.
"C’est une nouvelle formidable", a déclaré le professeur David Thomas,
directeur du Département de biochimie de l’Université McGill.
"Récemment, des reportages évoquant la fin de l’utilisation de la
chimiothérapie ont été présentés. Eh bien, cela fait partie de ce
parcours menant à la mise au point de thérapies fondées sur les gènes et
personnalisées en fonction de la maladie à traiter. C’est un grand pas
en avant."
Financée par les Instituts de recherche en santé du Canada et le
programme scientifique des frontières de l’humain, la recherche a été
soutenue par le Groupe de recherche axé sur la structure des protéines
du Fonds de la recherche en santé du Québec.
Pour en savoir plus, consultez la vidéo suivante à ce sujet (en
anglais): http://podcasts.mcgill.ca/pods/press/nagar.mp4