Source: Université McGill (William Raillant-Clark, Service des relations avec les médias - Tél.: 514-398-2189)

Des membres du Département de biochimie de l’Université McGill de Montréal ont effectué une percée significative en matière de recherche sur le cancer. Ils ont découvert qu’un petit segment d’une protéine qui interfère avec l’ARN peut contrôler l’expression normale de gènes, notamment les gènes actifs dans les cellules cancéreuses.

Publiés en ligne le 26 mai 2010 par le journal Nature, les travaux ont déjà ouvert la voie à d’importantes applications pour la recherche en laboratoire et constituent une autre étape vers le type de thérapies personnalisées contre le cancer que des spécialistes du monde entier tentent ardemment de mettre au point.

Pour demeurer saine, la cellule humaine doit produire les bonnes protéines au bon moment, et ce, en quantité appropriée. Elle y parvient notamment grâce à l’ARN interférence, une forme de dégradation génétique par laquelle de petits morceaux d’ARN, appelés ARNm, bloquent la production de protéines spécifiques en interférant avec leur code génétique. Toutefois, tous les ARNm ne peuvent accomplir cette tâche. En collaboration avec le professeur Nahum Sonenberg du nouveau Complexe des sciences de la vie de McGill, le professeur Bhushan Nagar et l’étudiant aux cycles supérieurs Filipp Frank ont fait appel à la biologie structurelle pour mettre au jour un petit segment de protéines Argonaute - molécules essentielles à l’ARN interférence – apte à sélectionner les ARNm adéquats.

Ce faisant, l’équipe a découvert que les protéines Argonaute pouvaient éventuellement être exploitées pour amplifier la dégradation. "L’ARN interférence peut servir de démarche thérapeutique viable pour inhiber des gènes spécifiques exagérément actifs dans des cas de maladies comme le cancer", a déclaré le professeur Nagar. "Nous avons maintenant une porte ouverte sur la capacité de modifier rationnellement les ARNm pour les rendre plus efficaces, voire les transformer en médicaments."

Même si l’on ne peut envisager d’applications thérapeutiques avant plusieurs années, ces nouvelles connaissances offrent une avenue pour réguler la production spécifique de protéines anormales, notamment dans les cellules cancéreuses.

"C’est une nouvelle formidable", a déclaré le professeur David Thomas, directeur du Département de biochimie de l’Université McGill. "Récemment, des reportages évoquant la fin de l’utilisation de la chimiothérapie ont été présentés. Eh bien, cela fait partie de ce parcours menant à la mise au point de thérapies fondées sur les gènes et personnalisées en fonction de la maladie à traiter. C’est un grand pas en avant."

Financée par les Instituts de recherche en santé du Canada et le programme scientifique des frontières de l’humain, la recherche a été soutenue par le Groupe de recherche axé sur la structure des protéines du Fonds de la recherche en santé du Québec.

Pour en savoir plus, consultez la vidéo suivante à ce sujet (en anglais): http://podcasts.mcgill.ca/pods/press/nagar.mp4