Source: BE Canada numéro 368 (19/05/2010) - Ambassade de France au Canada / ADIT

Publiée dans la version électronique du journal Nature Methods le 9 mai 2010, une étude menée par Jeffrey S. Mogil, Professeur de Psychologie à l'Université McGill, montre que la souris, tout comme l'être humain, exprime la douleur par le biais d'expressions faciales.

Le professeur Mogil et ses collègues du Laboratoire de Génétique de la Douleur de l'Université McGill ont photographié des souris avant et après les avoir soumises à des stimuli de douleur modérée. Ce type de stimulation, comme par exemple l'injection d'une substance inflammatoire diluée, est régulièrement utilisé dans le cadre de recherches destinées à évaluer la sensibilité à la douleur chez les rongeurs.

D'après les chercheurs, le degré de souffrance étudié était comparable à celui d'un mal de tête qui peut être facilement traité par des analgésiques d'emploi courant. Les images obtenues ont ensuite été envoyées à des experts en codification de la douleur, au laboratoire dirigé par Kenneth Craig à l'Université de la Colombie Britannique. Cinq caractéristiques faciales ont alors été évaluées: la fermeture de l'œil, le renflement du nez et des joues, le changement de la position des oreilles et des moustaches selon le niveau d'importance du stimulus. Les données collectées ont permis de décrire de manière détaillée la mise au point de l'échelle d'expressivité du rongeur. "L'échelle d'expressivité du rongeur est un système de mesure qui permettra d'accélérer le développement d'analgésiques pour l'humain et d'éliminer les souffrances non nécessaires que subit l'animal lors de recherches biomédicales menées en laboratoire" a souligné le professeur Mogil. "L'échelle est par ailleurs susceptible d'entraîner d'importantes retombées en ce qui a trait à l'amélioration des soins vétérinaires à plus vaste échelle."

C'est la première fois que des scientifiques réussissent à mettre en place une échelle permettant de mesurer, chez l'animal, une réponse spontanée, semblable à celle observée chez les humains en cas de souffrance similaire. Les expériences en laboratoire vont se poursuivre. Elles permettront d'estimer dans quelle mesure l'échelle peut être utilisée dans l'évaluation d'autres espèces, dans la mesure du niveau d'efficacité d'analgésiques prescrits couramment et dans la détermination de la capacité des rongeurs à reconnaître les signaux faciaux révélateurs de douleur chez leurs congénères.