Oui, la vie sur Mars serait possible
Par Benje le mardi, juin 8 2010, 10:54 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université McGill (William Raillant-Clark, Service des relations avec les médias - Tél.: 514-398-2189)
Des chercheurs du Département des sciences des ressources naturelles de l'Université McGill à Montréal, du Conseil national de recherches du Canada, de l’Université de Toronto et de l’Institut SETI ont découvert que des bactéries dévoreuses de méthane peuvent survivre dans une source d’eau unique en son genre située sur l’Île Axel Heiberg, dans le Haut-Arctique canadien. Le professeur Lyle Whyte, microbiologiste à McGill, explique que la source de Lost Hammer est comparable à celles qui peuvent exister ou qui ont existé sur Mars, et qu’elle abrite une flore microbienne laissant penser que cela pourrait également le cas de sources comparables présentes à la surface de la Planète rouge.
Malgré les très basses températures ambiantes, l’eau
de cette source extrêmement froide est tellement salée qu’elle ne gèle
pas. De plus, l’on n’y trouve aucun oxygène consommable. Les chercheurs
ont toutefois observé de grosses bulles de méthane à sa surface, ce qui
les a amenés à se demander si ce gaz provenait d’une source géochimique
ou d’organismes vivants, et si la vie était possible dans ce milieu à la
fois très froid et très salin. "Nous avons eu la surprise de constater
l’absence totale de bactéries méthanogènes produisant du méthane dans la
source de Lost Hammer", explique le professeur Whyte. "Par contre, nous
y avons découvert d’autres organismes anaérobies absolument uniques,
c’est-à-dire des organismes qui survivent essentiellement en consommant
du méthane et en inhalant du sulfate plutôt que de l’oxygène."
Récemment, l’on a découvert la présence de méthane et de glace sur Mars.
Les photos prises par la sonde Mars Orbiter révèlent en effet
l’existence de nouveaux ruisselets, sans que personne ne puisse
expliquer leur formation. L’une des réponses possibles serait qu’il
existe des sources comme celle de Lost Hammer sur Mars. "Peu importe en
définitive de savoir d’où provient ce méthane", explique le professeur
Whyte. "En présence d’eau salée très froide, il est tout à fait possible
d’imaginer l’existence d’une communauté microbienne, malgré l’extrême
rigueur du milieu ambiant." Si l’Île Axel Heiberg est un lieu
particulièrement inhospitalier, la source de Lost Hammer l’est bien
davantage. "Il existe des endroits sur Mars où la température atteint des niveaux que
l’on pourrait presque qualifier de tempérés, c’est-à-dire des
températures comprises entre -10°C et 0°C, voire supérieures à 0 degré",
explique Lyle Whyte, "mais sur l’Île Axel Heiberg, la température peut
facilement descendre en deçà de -50°C. La source de Lost Hammer est le
milieu salin le plus froid que nous ayons découvert. Cet habitat peut
aussi servir de modèle pour élucider la formation des suintements de
méthane observés dans des milieux glacés comme ceux qui caractérisent la
planète Mars, et pourrait par conséquent expliquer l’origine des
panaches de méthane découverts récemment sur Mars."
Publiés dans l’International Society for Microbial Ecology Journal,
ces travaux de recherche ont bénéficié de l’aide logistique de la Station de recherche arctique de l’Université McGill et du
Programme du plateau continental polaire. Cette recherche a été
subventionnée par la NASA, le Conseil de recherches en
sciences naturelles et en génie du Canada et l’Agence spatiale
canadienne. Les recherches menées par les étudiants ont bénéficié de
subventions supplémentaires du ministère des Affaires indiennes et du
Nord et du Fonds québécois de la recherche sur la nature et les
technologies.