Jusqu'à présent, il était admis que la fibromyalgie affectait entre 2 à 6 % de la population mondiale, en fonction des différentes estimations. Mais les nouveaux critères de diagnostic proposés par l'American College of Rheumatology devraient conduire à une augmentation considérable du nombre des cas identifiés. Ils pourraient doubler, voire tripler. Pour mémoire, la fibromyalgie est un syndrome reconnu par l'Organisation mondiale de la santé depuis 1992 et classifié en rhumatologie. Elle se caractérise par des douleurs chroniques rebelles, une grande fatigue et de nombreux troubles associés. Ce syndrome est difficile à prendre en charge. Seul un diagnostic précoce, suivi d'actions d'information, de prévention et d'éducation thérapeutique, peut limiter son évolution. 

Selon un communiqué de l'association Fibromyalgie France, une étude portant sur 829 personnes atteintes de cette maladie a donc permis au collège américain de rhumatologie de proposer de nouveaux critères de diagnostic. Ces experts reconnaissent que la douleur - qui fluctue dans le temps et en intensité - n'est pas le seul symptôme. La fatigue importante, les troubles du sommeil et les problèmes cognitifs ressentis par les patients sont maintenant aussi pris en considération. Ces nouveaux critères apporteraient une fiabilité de diagnostic de 88 %.

Tout cela va-t-il conduire à une "explosion" du nombre de cas, comme l'annonce Robert Katz, de l'université de Chicago ? Et qu'est-ce que cela va changer en France ? "Il semblerait bien que, dans notre pays, les troubles associés soient pris en compte par le corps médical formé au diagnostic de la fibromyalgie", répond l'association. Mais si les médecins généralistes dépistent de plus en plus de cas grâce aux nouveaux critères, aucun responsable sanitaire et politique ne pourra plus ignorer ce problème de santé publique. D'où la question de l'association : "Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République (alerté par nos soins depuis 2008), et madame Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé, vont-ils enfin prendre toute la mesure de la perte d'autonomie et de qualité de vie du patient fibromyalgique sévèrement atteint et déployer des moyens pour aider les professionnels du médico-social à assurer une meilleure prise en charge ?"