Source: Université de Montréal

Une équipe de chercheurs de l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l'Université de Montréal a, pour la première fois, cerné le mécanisme déclencheur de trois gènes dans l'apparition de la leucémie lymphoblastique aigüe. Publiés dans le journal scientifique Genes and Development, ces résultats de recherches permettent une meilleure compréhension de l'interaction complexe de ces gènes et de leur contribution au développement de la leucémie, fournissant ainsi les bases conceptuelles de thérapies mieux ciblées.

L'étude a été menée par les auteurs principaux Mathieu Tremblay, étudiant au doctorat, et Cédric Tremblay, post-doctorant, du Laboratoire d'hématopoïèse et de leucémie, sous la direction de l'auteur-ressource, Trang Hoang, chercheuse principale de l'IRIC.

La leucémie lymphoblastique aigüe (LLA), cancer le plus courant chez les enfants, affecte les lymphocytes, ces cellules qui, normalement, combattent les infections. La LLA se met en branle lorsqu'un seul globule blanc immature, appelé blaste, développe une série d'erreurs ou de mutations cellulaires ouvrant la voie à une prolifération incontrôlée. Par la suite, ces blastes leucémiques peuvent envahir les organes lymphatiques, la moelle osseuse et le sang où ces cellules y supplantent les cellules normales.

Malgré les nombreuses recherches effectuées au cours des dernières années pour percer la genèse de ce type de cancer, déchiffrer le processus complexe responsable de la transformation de cellules normales en cellules cancéreuses reste un défi majeur. Dans cette étude, les chercheurs sont partis de l'interaction bien connue de deux gènes, SCL et LMO, impliquée dans le déclenchement d'un type spécifique de LLA, la leucémie lymphocytaire T.

"Nous voulions découvrir le mécanisme précis du processus de transformation d'une cellule normale en cellule cancéreuse. Notre étude révèle que les gènes SCL et LMO augmentent le réservoir de lymphocytes immatures, lesquelles prolifèrent de manière intensive sous l'influence d'un signal spécifique. Ces deux événements combinés favorisent alors l'émergence de mutations dans un autre gène, Notch1, qui, nous le savons, joue un rôle dans la majorité des cas de LLA-T, explique Trang Hoang. Autrement dit, la synergie entre ces trois gènes chez une cellule ‘permissive' est suffisante pour provoquer la leucémie."

Bien que la chimiothérapie puisse guérir près de 80 % des cas de LLA chez l'enfant, les chercheurs espèrent en minimiser les effets secondaires en développant de nouvelles thérapies qui cibleront spécifiquement les gènes déclencheurs. "La connaissance qu'apporte notre étude pourrait être déterminante dans la mise au point de thérapies anticancéreuses moins invasives", de conclure Trang Hoang.