Le bisphénol A (BPA) est-il vraiment dangereux? Le doute persiste concernant ce composé chimique utilisé dans la fabrication industrielle de nombreux types de plastique. Parmi eux, le polycarbonate, notamment utilisé pour les biberons et bonbonnes d'eau, mais aussi les résines epoxy, utilisées à l'intérieur des canettes et boîtes de conserve.

Au début de l'année, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) avait fait part de son inquiétude concernant le BPA, après qu'une étude avait révélé «des effets subtils, observés en particulier sur le comportement après une exposition in utero et pendant les premiers mois de vie chez de jeunes rats».

 Même son de cloche aux États-Unis, où la Food and Drug Administration (FDA) avait averti les industriels sur de possibles dangers du BPA sur le cerveau et la prostate des bébés et foetus. Déjà en 2003, des chercheurs établissaient un lien entre l'exposition au BPA et le risque de contracter une maladie cardiovasculaire. En juin dernier, c'était au tour du cancer de se retrouver mêlé au bisphénol A.

 Cette fois, c'est une étude de l'Environmental Working Group qui accentue le malaise autour de la substance chimique. Après enquête, l'organisation a relevé que le BPA était présent dans 40% des reçus et tickets de caisse imprimés par les supermarchés, les distributeurs de billets et autres commerces. Pire, ces supports contiendraient une concentration de bisphénol A mille fois plus élevée que ce qui est habituellement présent dans une boîte de conserve.

 Pour Sonya Lunder, analyste pour l'Environmental Working Group, le fait que le BPA soit présent dans des objets si courants explique pourquoi ce composé est détecté dans les urines de 93% des Américains: «Nous avons découvert des sources majeures de BPA, juste ici, dans nos vies quotidiennes. Lorsque vous laissez traîner un reçu pendant des mois dans votre portefeuille, vous répandez du BPA chez vous, dans votre environnement. Vous jetez un ticket de caisse dans un sac [...], il se frotte contre une pomme ou une tétine...: vous pourriez vous exposer de mille façons au BPA sans vous en apercevoir.»

Un ticket analysé lors de l’étude contenait 41 milligrammes de biaphénol A. Une quantité douze fois supérieure à ce qu’un homme de 70 kilos peut ingérer sans risque. De quoi inciter à utiliser un ordinateur pour tenir ses comptes.