Le rôle de l'affection maternelle dans le développement du cerveau
Par Benje le vendredi, septembre 17 2010, 17:12 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: BE Allemagne numéro 495 (8/09/2010) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /64356.htm
Si une espèce animale dispose d'un cerveau
particulièrement grand, c'est en règle générale l'indication d'une
certaine intelligence ou habileté dans la recherche de nourriture. Tous
les mammifères comptent parmi ces privilégiés. Outre les primates, dont
font partie les hommes, les odontocètes (cétacés à dents) ainsi que les
loups, les renards et les chiens se caractérisent également par un
"organe de la pensée" particulièrement gros et productif. Mais pourquoi
le cerveau s'est-il autant développé chez ces espèces animales là ? La
réponse à cette question est donnée
par Vera Weisbecker et Anjali Goswami dans l'actuel numéro de la revue
spécialisée PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).
Les biologistes des Universités Friedrich Schiller à Iéna et Cambridge
en Angleterre, ont comparé la taille des cerveaux de presque 200 espèces
de marsupiaux, tels que les koalas, les kangourous et plus de 400
espèces placentaires dont les singes, les rongeurs et les ongulés: "les
deux groupes appartiennent à la classe des mammifères, ils sont
apparentés seulement de loin et ont au cours de l'évolution développés
des cerveaux relativement gros indépendamment les uns des autres"
explique Vera Weisbecker.
Selon les résultats de leur étude récente, l'influence maternelle joue
un rôle décisif dans le développement d'un gros cerveau. "Plus les
petits restent longtemps dans le ventre de leur mère ou sont allaités
par cette dernière, plus leur cerveau sera gros et musclé" souligne
Weisbecker. Jusque-là on supposait qu'une forte activité du métabolisme
était également un facteur important dans l'évolution de la taille des
cerveaux. "Un facteur oui, mais seulement partiellement", précise la
biologiste spécialisée dans le développement du cerveau chez différents
mammifères. Une augmentation de l'activité du métabolisme dans le
cerveau ne serait liée à la grosse taille du cerveau que chez les
espèces placentaires. Selon les chercheurs cela serait dû au fait que
les petits sont directement connectés au métabolisme de leur mère par
l'intermédiaire du placenta et profitent ainsi davantage de l'activité
métabolique plus importante. Cette transmission directe des substances
nutritives par le placenta pourrait ainsi expliquer pourquoi les
placentaires restent moins longtemps sous l'influence de leur mère que
les marsupiaux. Seuls les primates, et donc les humains, qui ont un
cerveau plus gros que la moyenne, ont besoin d'une période d'affection maternelle aussi longue que celle des marsupiaux, explique Weisbecker.
Et au passage, Weisbecker et Goswami mettent fin au préjugé persistant
selon lequel les marsupiaux ont de petits cerveaux. Le contraire serait
plus correct, puisque les petits marsupiaux ont en moyenne des cerveaux
relativement grands. Le malentendu est lié au fait que les primates,
avec leurs très grands cerveaux, font augmenter la taille moyenne des
cerveaux des placentaires, plus qu'elle ne le devrait réellement.