Source: BE Allemagne numéro 495 (8/09/2010) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /64356.htm

Si une espèce animale dispose d'un cerveau particulièrement grand, c'est en règle générale l'indication d'une certaine intelligence ou habileté dans la recherche de nourriture. Tous les mammifères comptent parmi ces privilégiés. Outre les primates, dont font partie les hommes, les odontocètes (cétacés à dents) ainsi que les loups, les renards et les chiens se caractérisent également par un "organe de la pensée" particulièrement gros et productif. Mais pourquoi le cerveau s'est-il autant développé chez ces espèces animales là ? La réponse à cette question est donnée par Vera Weisbecker et Anjali Goswami dans l'actuel numéro de la revue spécialisée PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).

Les biologistes des Universités Friedrich Schiller à Iéna et Cambridge en Angleterre, ont comparé la taille des cerveaux de presque 200 espèces de marsupiaux, tels que les koalas, les kangourous et plus de 400 espèces placentaires dont les singes, les rongeurs et les ongulés: "les deux groupes appartiennent à la classe des mammifères, ils sont apparentés seulement de loin et ont au cours de l'évolution développés des cerveaux relativement gros indépendamment les uns des autres" explique Vera Weisbecker.

Selon les résultats de leur étude récente, l'influence maternelle joue un rôle décisif dans le développement d'un gros cerveau. "Plus les petits restent longtemps dans le ventre de leur mère ou sont allaités par cette dernière, plus leur cerveau sera gros et musclé" souligne Weisbecker. Jusque-là on supposait qu'une forte activité du métabolisme était également un facteur important dans l'évolution de la taille des cerveaux. "Un facteur oui, mais seulement partiellement", précise la biologiste spécialisée dans le développement du cerveau chez différents mammifères. Une augmentation de l'activité du métabolisme dans le cerveau ne serait liée à la grosse taille du cerveau que chez les espèces placentaires. Selon les chercheurs cela serait dû au fait que les petits sont directement connectés au métabolisme de leur mère par l'intermédiaire du placenta et profitent ainsi davantage de l'activité métabolique plus importante. Cette transmission directe des substances nutritives par le placenta pourrait ainsi expliquer pourquoi les placentaires restent moins longtemps sous l'influence de leur mère que les marsupiaux. Seuls les primates, et donc les humains, qui ont un cerveau plus gros que la moyenne, ont besoin d'une période d'affection maternelle aussi longue que celle des marsupiaux, explique Weisbecker.

Et au passage, Weisbecker et Goswami mettent fin au préjugé persistant selon lequel les marsupiaux ont de petits cerveaux. Le contraire serait plus correct, puisque les petits marsupiaux ont en moyenne des cerveaux relativement grands. Le malentendu est lié au fait que les primates, avec leurs très grands cerveaux, font augmenter la taille moyenne des cerveaux des placentaires, plus qu'elle ne le devrait réellement.