Une découverte "prometteuse" en vue de la mise au point d'un médicament universel contre le cancer.

Un marqueur biologique qualifié de "très prometteur" a été découvert chez plus de 1300 patients souffrant de 11 types différents de cancers, laissant imaginer la possibilité d'une détection du cancer plus facile et d'une mise au point un jour d'un médicament universel.

On est cependant encore loin du compte, comme le reconnaît Nicolae Ghinea, docteur en biologie et directeur de recherches à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui travaille sur le sujet depuis près de dix ans. Il faudrait en effet élargir la recherche à d'autres types de cancer, confirmer la détection du récepteur avec d'autres procédures telles qu'imagerie par résonance magnétique, tomographie par émission de positons ou imagerie par ultrasons, conduire des études précliniques (sur l'animal) pour le perfectionnement des procédures et des éventuels agents thérapeutiques...

La molécule, qui a été étudiée, est la FSH ou "Hormone folliculo stimulante", synthétisée dans l'hypophyse et que l'on trouve dans les organes reproducteurs humains, les ovaires et les testicules. Chez la femme elle stimule notamment la production d'oestrogènes, et chez l'homme celle de spermatozoïdes.

"C'est maintenant que tout commence"

Au départ, l'équipe du Centre Mondor de recherche biomédicale, à Créteil, près de Paris, a voulu confirmer l'hypothèse que le récepteur de la FSH puisse apparaître dans les tumeurs du cancer de la prostate. Une fois cette hypothèse confirmée, "j'ai voulu vérifier qu'il n'apparaissait pas dans d'autres cancers, comme le sein, le poumon", dit le Dr Ghinea. Et là, "surprise totale, il y avait le même marqueur!".

Son équipe a alors étudié des biopsies de 1336 patients atteints de onze types de cancers: prostate d'abord, puis sein, colon, pancréas, vessie, rein, poumon, foie, estomac, testicules, ovaires. Faute de moyens il a fallu s'arrêter là, selon le Dr Ghinea, mais la liste devrait s'élargir, même si les cancers cités représentent "70% des cas de cancer et 90% des cas de décès". En regardant les biopsies au miscroscope électronique (qui multiplie jusqu'à 600 000 fois) après injection d'or (qui a permis de voir les particules), les chercheurs ont en effet constaté "une très forte expression" (présence) du récepteur de la FSH dans "toutes" les tumeurs, quel que soit le type de tumeur et leur stade d'avancement. Chose particulière, le marqueur n'était pas au centre de la tumeur mais à la périphérie. Ce qui, notent les chercheurs, en fait "une cible facile pour les agents de diagnostic et de thérapie injectés dans le sang".

A contrario, les récepteurs étaient totalement absents des tissus non malades de l'organisme, y compris des tissus sains de l'organe porteur de la tumeur. "C'est maintenant que tout commence", dit le Dr Ghinea. En attendant l'élargissement des recherches, qui devraient durer des années, "on peut imaginer un traitement universel pour un marqueur universel", à tout le moins pour "commencer le traitement". L'Inserm a déjà déposé une demande de brevet sur la méthode d'imagerie.