Source: Europa

La valeur de la nature: un rapport inédit révèle l'importance fondamentale de la biodiversité dans l'économie.

Le rapport final d'un projet d'étude de trois ans examinant les bénéfices que la planète obtient gratuitement de la nature a été publié. L'étude consacrée à l'économie des écosystèmes et de la biodiversité (The Economics of Ecosystems and Biodiversity – TEEB) a sélectionné parmi les données économiques disponibles celles qui montrent de manière éclatante que les coûts liés à la dégradation des écosystèmes et la perte de la biodiversité sont réellement exorbitants pour nos sociétés. Ce projet fait la synthèse de milliers d'études et examine des méthodes d'évaluation, des instruments d'action et des exemples de mesures prises de part le monde. Se référant à de nombreuses études de cas, le rapport se conclut par dix recommandations visant à aider les citoyens et les responsables politiques à intégrer la biodiversité comme paramètre dans leurs décisions quotidiennes. La Commission européenne est l'un des principaux bailleurs de fonds de l'étude, qui a été entreprise sous l'égide du programme des Nations unies pour l'environnement.

Janez Potočnik, membre de la Commission européenne chargé de l’environnement, a déclaré à ce propos: «Tout en appréciant, bien entendu, la valeur intrinsèque de la nature, nous reconnaissons également sa valeur économique dans la lutte contre la perte de la biodiversité. La Commission européenne soutient le projet TEEB depuis le départ, et continuera de le faire. Nous examinerons les moyens d'intégrer les analyses développées par le projet TEEB dans notre politique générale. Nous sommes également disposés à encourager les initiatives venant d'autres pays, qui montrent les bénéfices et les coûts liés à l'investissement dans la gestion de la biodiversité et des services écosystémiques.»

Le chef du projet TEEB, M. Pavan Sukhdev, a déclaré pour sa part que «le projet TEEB apporte non seulement la preuve de l'importance, estimée à plusieurs milliards de dollars, de la nature pour l'économie mondiale, mais informe aussi, de manière circonstanciée, sur les types de virages politiques et de mécanismes de marché «intelligents» qui peuvent faire surgir des idées neuves dans un monde confronté à une multiplicité croissante de défis. La bonne nouvelle, c'est que plusieurs communautés et pays voient déjà le potentiel qu'offre l'intégration de la valeur de la nature dans l'élaboration des politiques.»

Apprendre à tenir compte de la valeur de la nature dans tous ses aspects

Le rapport final du TEEB sur l'intégration des aspects économiques de la nature («Mainstreaming the Economics of Nature») vient compléter quatre rapports publiés au cours des trois dernières années. Il se concentre sur trois domaines – un écosystème naturel (forêts), une implantation humaine (villes) et un secteur économique (industrie minière)- et illustre comment les concepts et outils économiques décrits dans le cadre de l'étude TEEB peuvent aider la société à intégrer la valeur de la nature dans l'élaboration des politiques à tous les niveaux.

Le rapport indique comment les paiements pour les services écosystémiques (PES) peuvent engendrer une meilleure gestion du capital naturel. À Mexico, par exemple, ce système de paiements a permis de diminuer de moitié le taux annuel de déforestation, de protéger les bassins hydrographiques et les forêts tropicales, et d'éviter l'émission de 3,2 millions de tonnes de dioxyde de carbone.

Sachant que plus de la moitié de la population mondiale vit dans des zones urbaines, les villes ont un rôle crucial à jouer dans la reconnaissance du capital naturel indispensable au maintien et à l'amélioration du bien-être de leurs habitants. Les concepts présentés par TEEB revêtent donc potentiellement une importance fondamentale. Par exemple, à Nagoya au Japon, un système de droits de construction échangeables oblige les promoteurs qui dépassent les limites imposées pour les bâtiments de grande hauteur à compenser leur impact en achetant des zones de paysage agricole traditionnel japonais et en en assurant la conservation.

Dix conseils essentiels pour préserver la biodiversité

L'étude TEEB se conclut par dix recommandations:
1.Il est essentiel que l'évaluation de la biodiversité donne lieu à une ample communication et responsabilisation en matière d'impacts sur la nature.
2.Il convient d'améliorer les comptes nationaux de manière à inclure la valeur des évolutions des richesses naturelles et des flux des services écosystémiques.
3.Il y a urgence à établir des comptes physiques cohérents des stocks forestiers et des services écosystémiques.
4.Les comptes d'entreprises doivent faire apparaître les externalités telles que les dommages environnementaux.
5.L'absence de perte nette de biodiversité ou l'incidence positive nette doivent être considérées comme des pratiques commerciales normales.
6.Les principes du «pollueur-payeur» et de la «pleine récupération des coûts» constituent les lignes directrices sur lesquelles s'appuient la réorganisation des structures d'incitation et la réforme fiscale. Dans certains contextes, le principe du «bénéficiaire-payeur» peut être invoqué pour soutenir de nouvelles mesures incitatives.
7.Les gouvernements doivent tendre vers une transparence totale en matière de subventions afin d'éviter les incitations perverses.
8.L'établissement, dans le monde entier, de zones protégées gérées de façon plus globale, efficace et équitable doit se poursuivre et l'évaluation des écosystèmes peut y contribuer.
9.Le système de conservation des forêts REDD plus doit être mis en place dès que possible.
10.La dépendance des pauvres de la planète envers les services écosystémiques doit être davantage prise en considération dans les actions en faveur du développement et dans les politiques ayant un impact sur l'environnement.

Contexte

TEEB est un projet réalisé sous l'égide du PNUE (programme des Nations Unies pour l'environnement), et financé par la Commission européenne et un certain nombre de gouvernements, dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, la Belgique et le Japon. Le projet TEEB doit permettre de formuler des arguments économiques en vue de modifier notre façon d'évaluer et de gérer les ressources naturelles. L'évaluation est considérée comme un instrument de correction de la mauvaise orientation économique qui a mené à des décisions préjudiciables au bien-être des générations actuelles et futures. L'objectif des rapports TEEB est de montrer que la biodiversité déploie ses bienfaits de manière invisible, une absence de visibilité qui a souvent contribué à détruire les richesses naturelles sur lesquelles reposent nos économies.
Pour plus d'informations: tous les rapports "TEEB" peuvent être consultés à l'adresse suivante: http://www.teebweb.org/