Habitués depuis toujours à manger des tortues, base de nombreux plats que consommaient déjà leurs ancêtres, des indigènes du nord de la Colombie ont décidé de ne plus pêcher l'animal menacé de disparition.

Six des sept espèces de tortues marines recensées sont aujourd'hui en danger d'extinction. Face à cette situation alarmante, que leurs filets de pêche leur ont laissé observer,  des indigènes colombiens ont décidé de renoncer à une coutume ancestrale. Ils ont en effet fait le choix de ne plus capturer et manger l'animal, pourtant à la base de leurs plats préférés.

"C'est une lutte contre la culture de mes ancêtres. J'ai grandi en mangeant de la tortue et j'ai élevé mes enfants avec l'argent que j'obtenais en les chassant. Désormais, elles se font de plus en plus rares. Les filets reviennent vides. Il est temps de les sauvegarder pour nous sauver aussi", a expliqué à l'AFP Olegario Choles, l'un des dirigeants de l'ethnie wayuu. Présente au Venezuela et en Colombie, celle-ci est composée de pêcheurs et de bergers.

Il y a quelques jours, une vingtaine de jeunes ont célébré la libération de quelque 220 tortues de l'espèce Cayama, ou Carretta. De longs mois de concertation ont été nécessaires pour convaincre les restaurateurs, cuisiniers et chasseurs de la région, de ne plus s'attaquer aux tortues. Pour Lina Báez, spécialiste de l'environnement au sein de l'entreprise minière Cerrejón, qui sponsorise cette campagne, "les Wayuu se nourrissent avec les animaux de leur région, et changer leurs coutumes est une mission qui relève presque de l'impossible". La firme a alors proposé aux chasseurs de leur verser la moitié de la somme qu'ils auraient gagnée en vendant à des restaurants la viande et les œufs des reptiles, dont la consommation est en principe interdite par les conventions internationales.

Pour convaincre les indigènes de renoncer à leurs coutumes en faveur de la biodiversité, ce sont en priorité les enfants qui sont ciblés par les campagnes de sensibilisation. Prenant conscience des menaces qui pèsent sur l'espèce, les jeunes encouragent les anciens à agir à leurs côtés. Ainsi "les anciens chasseurs et leurs enfants s'occupent d'assurer des endroits sûrs aux tortues pour la ponte, de protéger leurs oeufs et de libérer les nouveau-nés dans la mer", assure Maria Claudia Diazgranados, coordinatrice du programme marin de Conservation internationale, l'une des ONG impliquées dans le projet.