La vie de vers prolongée par un herbicide
Par Benje le dimanche, décembre 12 2010, 22:58 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université McGill (Tamarah Feder, William Raillant-Clark, Service des relations avec les médias - Tél.: 514-398-2189)
Des découvertes qui remettent en cause le rôle des radicaux libres dans le vieillissement.
On dirait de la science-fiction. Le professeur Siegfried Hekimi et un de
ses étudiants, le docteur Wen Yang, chercheurs au Département de
biologie de l'Université McGill de Montréal, ont testé la théorie
du vieillissement par les radicaux libres en créant des vers mutants
présentant une production augmentée de radicaux libres et en leur
prédisant une vie brève. Mais ces vers ont en fait vécu plus longtemps
que les vers ordinaires! Qui plus est, leur longévité augmentée a pris
fin lorsqu'on leur administra des antioxydants, par example de la
vitamine C. Les chercheurs ont par la suite tenté d'imiter l'effet
bénéfique apparent des radicaux libres en traitant des vers ordinaires
au Paraquat, un herbicide qui entraîne l'augmentation de la production
de radicaux libres. Le Paraquat est tellement toxique pour les humains
et les animaux qu'il est proscrit en Union européenne et son usage
est limité dans plusieurs autres endroits. À sa grande joie, le
professeur Hekimi a découvert que les vers vivaient en fait plus
longtemps après avoir été exposés au produit chimique. "N'essayez pas
cela à la maison!", s'empresse de rappeler à chacun Siegfried Hekimi.
Ces découvertes ont été publiées hier dans PLoS Biology.
Les radicaux libres sont des molécules toxiques produites par notre
corps lorsqu'il transforme l'oxygène. À mesure que l'organisme multiplie
et fait fonctionner ses cellules, il consomme de l'oxygène, générant
des radicaux libres en guise de sous-produits, qui, à leur tour,
endommagent les cellules. Une théorie de longue date suggère que le
vieillissement soit causé par un cycle vicieux d'augmentation de la
production de radicaux libres, suivie par des dommages aux cellules,
puis par une autre augmentation de la production de radicaux libres
entraînée par les dommages.
"Ces découvertes remettent en question notre compréhension du rôle des
radicaux libres dans le processus de vieillissement", a déclaré monsieur
Hekimi. "La théorie courante est très claire et logique, mais nos
découvertes suggèrent une structure différente des motifs pour lesquels
le stress oxydatif est impliqué dans le vieillissement." Les vers
génétiquement modifiés ont démontré que la production de radicaux libres
peut contribuer à déclencher les mécanismes de protection et de
réparation généraux des cellules. En d'autres mots, à certaines étapes
de la vie, les radicaux libres peuvent contribuer à notre bien-être,
malgré leur toxicité.
"Des expériences supplémentaires sont nécessaires pour découvrir
exactement comment ces données pourraient modifier notre théorie sur le
vieillissement", a expliqué le professeur Hekimi. "Il est clair que les
radicaux libres y contribuent, mais pas de la façon dont nous avions
l'habitude d'y penser." Pour ces travaux, l'équipe de recherche
dirigée par le professeur Hekimi a reçu du financement des Instituts de
recherche en santé du Canada. Le professeur Hekimi est aussi titulaire
de la Chaire Robert Archibald et Catherine Louise Campbell de biologie
du développement.