Une pile à combustible à oxyde solide fonctionnant à basse température: 450°C
Par Benje le vendredi, janvier 28 2011, 23:44 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: BE Japon numéro 561 (21/01/2011) - Ambassade de France au Japon / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /65638.htm
Une équipe de chercheurs de l'Institut National des Sciences et des
Techniques Industrielles Avancées (AIST), dirigée par SUZUKI Toshio et
associée à l'équipe du Professeur Nigel SAMMES de l'Ecole des Mines du
Colorado (États-Unis), a développé une micro-pile à combustible à oxyde solide qui peut fonctionner à 450°C.
Une pile à combustible est un appareil qui produit de l'électricité par
réaction entre l'hydrogène et l'oxygène. L'oxygène provient de l'air
ambiant, alors que suivant les modèles, l'hydrogène est soit injecté
directement dans la pile, soit produit par celle-ci à partir
d'hydrocarbures (le plus souvent du méthane) ou d'alcools (méthanol).
L'avantage d'utiliser des hydrocarbures comme combustibles est qu'ils
sont moins coûteux à produire et à stocker que l'hydrogène.
Les piles à combustible à oxyde solide sont constituées entièrement de
céramiques. Elles peuvent fonctionner avec du dihydrogène pur ou des
hydrocarbures. Du fait de leur température de fonctionnement très élevée (entre
700°C et 1000°C), elles ne sont actuellement utilisées que dans des
installations de grande taille, donc fixes. Pour pouvoir les utiliser
dans des unités plus réduites (pour des véhicules ou des résidences
individuelles), il est nécessaire d'abaisser cette températurede fonctionnement pour ainsi accélérer leur démarrage et réduire leur consommation d'énergie (et donc d'augmenter leurs rendements).
Une pile à combustible à oxyde solide est constituée de deux électrodes
séparées par une membrane solide qui permet le passage des ions O2- de
la cathode vers l'anode. Les réactions mises en jeu sont 2H2 -> 4H+ +
4e- au niveau de l'anode et 4e- + O2 -> 2O2- au niveau de la cathode. Le combustible est reformé sous l'action de catalyseur. Dans le cas du méthane, la réaction est: CH4 + 2H2O -> 4H2 + CO2.
La micro-pile que l'équipe de l'AIST a créée a la forme d'un tube. Elle
n'est donc pas plate, comme c'est le cas habituellement. Ceci permet
d'appliquer la couche de catalyseur directement sur la surface de l'anode, le
courant étant collecté aux extrémités du tube. Avec une pile classique,
la couche qui collecte le courant est appliquée à la surface des électrodes, séparant ainsi la couche de catalyseur de l'anode. Cette nouvelle structure permet de reformer le combustible directement à la surface de l'anode.
Plus précisément, la micro-pile est constituée d'un emboîtement de trois
tubes : la partie extérieure, à base d'oxyde de cérium (CeO2), de
lanthane (La) et de cobalt (Co), constitue la cathode. La partie
intérieure, à base de nickel (Ni) et d'oxyde de cérium, constitue
l'anode. La partie entre les deux, à base d'oxyde de cérium, constitue
l'électrolyte. La surface intérieure de l'anode est enduite d'une couche
de quelques micromètres d'épaisseur d'oxyde de cérium, qui constitue la
couche catalytique. Le diamètre de l'ensemble mesure 1,8 mm. Le
combustible (un mélange de méthaneet de vapeur d'eau) circule à l'intérieur du tube.
Les tests effectués par les chercheurs ont permis d'obtenir, à 450°C, une tension de sortie de 0,9V et une densité de puissance de 0,1 W/cm2. Avec des cellules qui ne disposent pas de couche catalytique, la tension tombe à 0,6 V et la densité de puissanceà quelques mW/cm2.
L'équipe continue ses recherches dans l'intention de trouver d'autres
d'autres catalyseurs qui permettraient de diversifier les hydrocarbures
utilisés comme combustibles et donc d'augmenter les rendements. Ils
pensent ainsi pouvoir développer des piles pour des systèmes portables.