DMP1, une protéine contre le cancer
Par Benje le samedi, janvier 29 2011, 00:05 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source : Université de Liège
La DMP1, une protéine de la famille SIBLINGs, inhibe l’angiogenèse et
pourrait conduire à des nouveaux traitements contre le cancer et
d’autres maladies comme la rétinopathie diabétique ou la polyarthrite.
Une équipe du Laboratoire de Recherche sur les Métastases
(GIGA-Cancer/CHU de l’Université de Liège) vient de publier dans la
prestigieuse revue BLOOD leurs travaux démontrant que la protéine DMP1
possède des activités anti-angiogéniques insoupçonnées, activités qui
pourraient être utilisées pour le développement de nouveaux traitements
contre le cancer mais aussi contre des maladies pour lesquelles
l’angiogenèse (la formation de nouveaux vaisseaux sanguins) joue un rôle
majeur comme le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde ou la
rétinopathie diabétique. Cette découverte a d’ailleurs fait l’objet d’un
dépôt de brevet par les trois protagonistes de la recherche : le Docteur Akeila Bellahcène, qui dirige le projet, Sophie Pirotte, chercheur TELEVIE et le Pr Vincent Castronovo, directeur du laboratoire.
Le Dr Bellahcène s’intéresse depuis plusieurs années aux protéines
SIBLINGs. Il s’agit d’une famille de glycoprotéines initialement
découvertes pour leur rôle dans la formation de l’os et de la dent. Il y
a maintenant plus de quinze ans, le laboratoire liégeois était le
premier à montrer que deux de ces protéines, la sialoprotéine osseuse
(BSP) et l’ostéopontine (OPN), étaient produites par les cellules
cancéreuses et jouaient probablement un rôle dans la progression de ces
cancers, notamment par la formation de métastases osseuses. Ces
observations originales, confirmées par d’autres équipes
internationales, ont ouvert la voie à de nombreux projets étudiant le
rôle de ces deux protéines dans le cancer. Jusqu’il y a peu, la DMP1,
connue surtout pour son rôle dans la minéralisation des dents, n’avait
pas attiré l’attention par rapport à un quelconque rôle dans le
développement et la progression du cancer.
Mais aujourd’hui, les dernières recherches du Dr Akeila Bellahcène
démontrent que la DMP1 mérite également une attention très particulière.
En effet, les résultats publiés dans la revue BLOOD démontrent que la
DMP1 est capable de bloquer l’angiogenèse. Or l’angiogenèse est
fondamentale pour le développement des tumeurs au-delà de quelques
millimètres cubes ainsi que pour la formation de métastases.
Les travaux ont montré que la DMP1 empêchait les cellules endothéliales
(les cellules des capillaires sanguins qui forment les nouveaux
vaisseaux au cours de l’angiogenèse) de répondre au VEGF, un signal
moléculaire envoyé par les cellules cancéreuses pour activer la
formation de nouveaux vaisseaux sanguins nourriciers. La présence de
DMP1 stoppe les différentes étapes qui conduisent à la formation des
nouveaux capillaires: les cellules endothéliales se mettent au repos.
"Dans un modèle in vivo d’angiogenèse associée au
développement tumoral, nous avons démontré que les tumeurs issues de
cellules cancéreuses dans lesquelles nous avions préalablement
surexprimé la DMP1 montraient une croissance réduite associée à une
vascularisation très modique par rapport aux tumeurs contrôles", indique
le Dr Bellahcène.
"L’ensemble de ces résultats nous laissent entrevoir que la DMP1
pourrait représenter une nouvelle molécule anti-angiogénique dont les
implications thérapeutiques iront d’ailleurs au-delà de leur utilisation
en pathologie cancéreuse, annonce le Pr Vincent Castronovo, qui dirige
le Laboratoire de Recherche sur les Métastases du GIGA-Recherche de
l’ULg. En effet, le processus d’angiogenèse induit par le VEGF
intervient aussi de manière significative dans le développement et dans
la progression d’autres pathologies comme l’arthrite rhumatoïde, le
psoriasis et la rétinopathie diabétique."
Publication: "Dentin Matrix Protein 1 induces membrane expression of VE-cadherin on
endothelial cells and inhibits VEGF-induced angiogenesis by blocking
VEGFR-2 phosphorylation" , Blood, December 2010,
doi:10.1182/blood-2010-08-298810
Auteurs : Pirotte S, Lamour V, Lambert V, Alvarez Gonzalez ML, Ormenese S, Noël A, Mottet D, Castronovo V, Bellahcène A.
Lire également l’article "SIBLINGs, les armes multifonctionnelles du cancer» sur le site Reflexions de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège.