Les résultats d'une étude canadienne montrent par exemple que l'informatique peut constituer un véritable pont entre les générations.

Partager des loisirs ensemble pour mieux transmettre. Selon une étude réalisée au Canada que viennent de publier des chercheurs de l'université de Concordia à Montréal, le maintien d'activités de loisirs communs entre les grands-parents et leurs petits-enfants devenus jeunes adultes est primordial. Un lien qu'il n'est pas toujours évident de maintenir, tant les centres d'intérêt divergent entre un senior et un grand adolescent, sans parler des contraintes géographiques et de l'agenda chargé des petits-enfants.

Pourtant, l'étude, que vient de publier le professeur Shannon Hebblethwhaite, montre combien le maintien d'activités communes est un facteur de transmission des valeurs et un moyen privilégié de perpétuer l'héritage familial. Par des activités a priori banales, comme la cuisine, le shopping ou encore de simples discussions et réunions familiales. «Les activités de loisirs offrent la possibilité aux grands-parents de partager autour de l'histoire de la famille et leur permet de partager sur leur expérience personnelle et les leçons tirés de leur vie.» Mais surtout, l'étude montre que la transmission ne se fait plus aujourd'hui à sens unique, loin de là, tant l'avènement d'Internet et des nouvelles technologies a changé la donne.

Maintenir un lien

Les grands-parents français sont logés à la même enseigne. Et chacun a ses recettes. Depuis quelques années, ce grand-père de 5 petits-enfants, dont trois entre 16 et 21 ans, s'est mis à l'informatique pour eux et dialogue désormais par mail avec eux. Une complicité qui les rapproche plusieurs fois par semaine. «Après un week-end à Londres avec notre petite-fille de 19 ans, j'ai échangé avec elle des photos et nous avons monté un album en commun sur Internet, c'était pour moi un formidable moyen de communiquer avec elle sur ces bons souvenirs !» Françoise, pourtant âgée de 80 ans passés, maintient le lien notamment en emmenant sa petite-fille de 17 ans pour des après-midi de shopping ou de lèche-vitrines ! «Difficile parfois de m'abstenir de critiquer certains de ses choix !» , sourit-elle.

Cet autre grand-père a décidé d'emmener depuis quelques années ses petits-enfants adolescents chaque hiver une semaine à la montagne, un moyen pour lui de les avoir de manière privilégiée en leur faisant plaisir. Mais qui dit adaptation aux activités du jeune va parfois de pair avec la transmission d'un héritage familial. «J'essaie au passage de parler avec mes petits-enfants des métiers de nos parents, à savoir vigneron et artisan, parfois bien loin de leurs préoccupations et activités actuelles ! », explique ce grand-père .

Et, mine de rien, ils apprennent ainsi un peu leur histoire familiale. «Parfois, la Toile sert aussi à faire les devoirs et surtout ceux de maths !» , glisse ce papy décidément devenu très techno. Et les échanges vont alors bon train. Pour les grands-parents, le tournant de l'adolescence est important. «Les grands-parents qui se sont beaucoup investis pendant l'enfance de leurs petits-enfants peuvent ressentir une grande souffrance quand ces derniers s'éloignent ou sont moins présents à la période de l'adolescence» , note Marie-Claire Chain, psychothérapeute et animatrice de groupe à l'École des grands-parents européens, qui accompagne des seniors dans leurs difficultés.

Trouver la bonne distance 

Après des vacances souvent passées en commun, un réajustement est alors nécessaire : trouver des centres d'intérêt commun mais aussi la bonne distance à entretenir, tant en terme de fréquence que de degré d'intrusion dans la vie personnelle. Un challenge plus difficile encore quand les petits-enfants vivent loin. D'autant qu'à l'opposé de certains clichés sur le couple uni entre une petite-fille adolescente et sa grand-mère dynamique, les grands-parents sont parfois perdus pour communiquer avec les ados. Même si, souligne Marie-Claire Chain, «les liens sont d'autant plus faciles qu'on les a entretenus quand le petit-enfant était plus jeune». Pour aider les grands-parents à mieux communiquer, l'École des grands-parents européens anime des groupes d'écoute sur différents thèmes et organise des séminaires, récemment autour de la lecture des médias et d'Internet, mais aussi des cours d'informatique ou de montage photos. Un créneau dont se sont emparées de nombreuses associations et entreprises.