Des scientifiques anglais et américains sont parvenus à créer un champignon capable d'infecter les moustiques et de les empêcher de transmettre le parasite du paludisme.

C'est un véritable espoir dans la lutte contre le paludisme. Des chercheurs de l'Université de Westminster en Angleterre ont trouvé une nouvelle idée pour tenter d'enrayer l'épidémie : un champignon génétiquement modifié et capable d'infecter les moustiques porteurs du parasite. En effet, le paludisme qui tue chaque année 1 à 2 millions de personnes est dû à un parasite connu sous le nom de plasmodium et qui se transmet par les piqûres de moustiques. Alors qu'il n'existe aucun vaccin, les seuls moyens de se protéger se concentraient donc jusqu'ici sur le contrôle de ces insectes. Mais la découverte des chercheurs anglais pourraient constituer un véritable tournant.

Aidés par des scientifiques américains, le Dr Kang et ses collègues ont inséré un anticorps humain anti-paludisme dans un champignon communément retrouvé dans des plantes. En exposant cet OGM à des moustiques porteurs du parasite, ils se sont alors aperçus que le champignon diminuait de 85% le taux d'infection des insectes. Mieux encore, lorsqu'ils ont ajouté une toxine de scorpion le niveau de paludisme chutait à 97%. Selon les chercheurs, les spores fabriquées par le champignon "creusent" à l'intérieur du moustique et envahissent son système circulatoire. Alors que le plasmodium se multiplie dans l'insecte, les anticorps empêchent alors le parasite d'atteindre les glandes salivaires du moustique, qui n'a alors théoriquement plus la capacité de transmettre la maladie. Au bout de quelques semaines, le champignon serait même capable de tuer l'insecte.

Assez concluante, la technique présente de plus de nombreux avantages et notamment celui d'être moins invasive. Pour qu'il soit efficace, il suffirait ainsi de pulvériser le champignon sur les murs et les moustiquaires sous forme d'insecticides. Par ailleurs, l'OGM permettrait de résoudre le problème croissant des moustiques résistants aux insecticides. "Avec ce champignon, aucun résidu chimique ne traînerait. Ce serait juste un champignon très similaire à ce que l'on trouve déjà dans la nature", a expliqué à Associated Press le Dr Kang. Une technique d'autant plus intéressante qu'elle pourrait également être utilisée pour d'autres maladies telles que la dengue ou l'infection par le virus du Nil occidental, selon les chercheurs.

Une efficacité à prouver dans la nature

Si l'expérience a été concluante en laboratoire, les chercheurs attendent désormais de voir ce qu'il en est sur le terrain. Selon certains experts, des problèmes de stabilité ou de mélange pourraient intervenir au niveau du champignon muté. L'équipe anglaise devrait donc tester d'ici peu la technique dans des pays comme le Burkina Faso, le Kenya ou la Tanzanie. Si celle-ci fonctionne, les chercheurs ont néanmoins indiqué que le champignon seul ne suffirait pas à stopper l'épidémie : "Nous avons encore besoin de meilleurs médicaments et d'autres interventions. Le paludisme tue environ 1 million de personnes chaque année, donc nous devons tester tout ce qui peut marcher", a précisé le Dr Kang.