Source: Université Concordia

Un ingénieur de L'université Concordia de Montréal cherche à réduire l'impact des vibrations des outils électriques.

Quiconque a déjà utilisé une tondeuse électrique ou à essence sait que les vibrations du moteur peuvent entraîner des fourmillements dans les mains. Il s'agit d'un risque du métier pour les professionnels du gazon. De même, les travailleurs qui manipulent des outils électriques dans les secteurs minier, forestier, manufacturier et tertiaire peuvent être exposés à de fortes vibrations dans les mains et le haut des bras. Or, cette situation n'est pas sans conséquence.

"L'exposition prolongée aux vibrations intenses des outils peut provoquer la maladie des vibrations", affirme Subhash Rakheja, professeur au Département de génie mécanique et industriel de l'Université Concordia. "Avec le temps, certains travailleurs peuvent souffrir d'une perte de dextérité ou de sensation dans les mains. Ils ne distinguent plus le chaud du froid au toucher, ou peuvent présenter une décoloration de l'extrémité des doigts, connue sous le nom de phénomène de Raynaud", poursuit le chercheur.

Bien que le sujet soit extrêmement important en Europe, l'exposition aux vibrations en milieu de travail constitue un champ d'études relativement nouveau en Amérique du Nord. Membre du Centre de recherche sur la conception de véhicules assistée par ordinateur de Concordia (CONCAVE), M. Rakheja est l'auteur de nombreuses publications sur les dangers et la prévention de la surexposition aux vibrations.

Sa plus récente étude sur les compacteurs, engins essentiels aux chantiers, a déterminé que l'exposition aux vibrations pouvait être réduite de 60 pour cent par une simple amélioration du siège. M. Rakheja collabore régulièrement avec un réseau de recherche interdisciplinaire sur la santé en milieu de travail. Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention ont fait appel à son expertise pour leur site de recherche en Virginie-Occidentale. Au Québec, il contribue aux travaux de l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). Il a d'ailleurs beaucoup travaillé avec Paul-Émile Bouleau et Pierre Marcotte de l'IRSST afin d'élaborer des pratiques exemplaires en milieu de travail. Ces efforts ont mené à des standards de l'Organisation internationale de normalisation (ISO) sur la vibration globale du corps (ISO 5982) ainsi que sur les vibrations des mains et des bras (ISO 10068). Les trois scientifiques étudient à présent la possibilité d'une norme mondiale en matière de gants antivibrations.

M. Rakheja examine aussi la façon de réduire l'impact des outils électriques industriels, tels que les marteaux-piqueurs utilisés dans le secteur minier, qui peuvent causer des troubles vasculaires et osseux. "L'outil le plus dangereux pour les travailleurs est le marteau-piqueur, qui équivaut à une arme chargée", explique-t-il. Il existe cependant des solutions, parfois aussi simples que de munir les travailleurs de gants antivibrations appropriés. "L'objectif est de protéger la main contre l'exposition répétée, mais comment mesurer l'efficacité du gant?, s'interroge M. Rakheja. Nous pouvons simuler n'importe quelles vibrations produites par un outil dans notre laboratoire, mais la manière dont cet outil est utilisé sur le terrain peut varier considérablement. Chaque personne emploie une force et une vitesse différentes."

Si la prévention est encore le meilleur remède, M. Rakheja estime qu'on demande souvent aux travailleurs de repousser leurs limites au nom de la productivité. "Nous vivons dans une société où tout doit aller plus vite, conclut-il, mais il ne faut pas oublier que cette accélération entraîne à la longue des effets pervers. Le plus grand défi est donc de convaincre l'industrie d'investir dans la sécurité des travailleurs au-delà des normes établies."