Source: CNRS-INSB

Des chercheurs du Laboratoire de Biologie Moléculaire de la Cellule (LBMC, CNRS/ENS Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1/Hospices Civils de Lyon) et de l'Université Cornell à Ithaca, New-York, viennent de montrer, pour la première fois, que la durée et la qualité de vie d'un animal peuvent être considérablement améliorées en modifiant la forme des mitochondries, centrales énergétiques des cellules vivantes. Ces travaux, publiés dans Aging Cell le 4 avril 2011, ouvrent une nouvelle voie de recherche sur les liens étroits entre la plasticité énergétique de la cellule et le vieillissement.

Les cellules respirent et produisent de l'énergie grâce à des organites bien particuliers, les mitochondries. Au sein des cellules, les mitochondries sont capables de modifier leur forme dans le but de s'adapter aux conditions extérieures. Elles peuvent ainsi fusionner pour prendre l'aspect de bâtonnets ou au contraire fissionner pour donner de petites sphères. Ces changements d'apparence mitochondriale sont sous le contrôle de gènes dont les mutations peuvent provoquer des maladies neurodégénératives, telles que la maladie de Parkinson. Posséder des mitochondries de la bonne forme semble donc primordial pour la santé et une bonne qualité de vie.

La question qui se pose alors est peut-on affecter la longévité d'un organisme en agissant sur les mitochondries ? Ludivine Walter, de l'équipe d'Hugo Aguilaniu au LBMC, et ses collaborateurs du laboratoire de Sylvia Lee à l'Université Cornell aux Etats-Unis, ont observé une augmentation de 200% de la durée de vie maximale du ver Caenorhabditis elegans en mutant l'un des gènes qui gouverne la dynamique des mitochondries. Le ver, qui a une durée de vie maximale d'environ 30 jours, est en effet capable de vivre jusqu'à 100 jours lorsque que l'on intervient génétiquement pour empêcher les mitochondries de fissionner, c'est a dire de prendre la forme de sphères.

Cette étude est la première à démontrer que des changements d'aspect des mitochondries peuvent allonger le temps de vie d'un animal. Les mitochondries se retrouvant dans toutes les cellules eucaryotes et donc dans les cellules humaines, il est probable que la plasticité mitochondriale joue également un rôle important dans la longévité de l'Homme et la qualité de son vieillissement. Ainsi, le développement de médicaments qui agissent sur la forme des mitochondries pourrait représenter, dans un futur proche, une avancée significative dans la lutte contre les maladies liées au vieillissement.