Des enfants génétiquement désobéissants ?
Par Benje le lundi, mai 2 2011, 23:09 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Jean Hamann - Université Laval
Chez certains enfants, la persistance du mépris des règles pendant la petite enfance aurait
une forte composante génétique, suggère une étude menée par un groupe
de psychologues.
Certains enfants sont plus enclins à afficher un mépris des règles, bien
des parents pourront en témoigner. La stabilité de ce trait pendant la
petite enfance serait largement ancrée dans les gènes, révèle une étude
qui vient de paraître dans Behavior Genetics, sous la plume
d'Amélie Petitclerc, Michel Boivin et Ginette Dionne, de l'École de
psychologie, et de leurs collègues Daniel Pérusse et Richard Tremblay,
de l'Université de Montréal.
Les chercheurs ont évalué l'influence des facteurs génétiques et
environnementaux sur le mépris des règles dans un groupe de 597 paires
de jumeaux, dont 40 % étaient monozygotes. Grâce à la collaboration des
mères, ce trait a été mesuré lorsque les enfants avaient 20, 32, 50 et
64 mois à l'aide d'un questionnaire mesurant la fréquence de
la désobéissance, l'absence de remords après coup et la répétition du
comportement même après punition. La présence de jumeaux monozygotes -
de «vrais» jumeaux partageant 100 % de leurs gènes -, et de jumeaux
hétérozygotes - qui partagent en moyenne
50 % de leur bagage génétique - a permis aux chercheurs de quantifier
la part des gènes et celle de l'environnement dans les résultats obtenus
aux quatre tests.
Les analyses montrent que, à un temps donné, la contribution des
facteurs génétiques au mépris des règles est relativement modeste. Elle
s'établit à 17 % à 20 mois,
puis à 34 %, 37 % et 30 % lors des évaluations subséquentes. Par
contre, les facteurs génétiques expliqueraient plus de 90 % de la
similitude entre les scores obtenus à chaque évaluation. «Bien que les
enfants puissent montrer plus ou moins de mépris des règles à différents
moments pendant la période préscolaire, certains enfants demeurent plus
enclins que d'autres à afficher ce type de comportements, souligne
Amélie Petitclerc. Cet aspect plus stable de leur comportement est
expliqué en majeure partie par des facteurs génétiques et non par des
facteurs environnementaux.»
Souvent associé à d'autres comportements problématiques, le mépris des
règles est un comportement perturbateur qui peut perdurer chez l'enfant.
Pour cette raison, les chercheurs proposent d'offrir des services
ciblés aux familles où les parents ont une histoire de comportements
perturbateurs, c'est-à-dire des problèmes persistants de comportements
agressifs, conflictuels ou délinquants pendant l'enfance. «Ces personnes
risquent de transmettre à leur enfant une prédisposition génétique à
adopter de tels comportements, avance Amélie Petitclerc. Les services,
qui pourraient commencer pendant la grossesse, auraient comme objectif
d'améliorer le milieu de vie familial et les compétences des parents, de
les aider à favoriser le développement de leur enfant et de mieux
composer avec ses comportements problématiques.»