Source: Sophie Payeur - Université de Sherbrooke

L'humain serait-il voué au même destin que Jake Sully, personnage principal du film Avatar ? Ce militaire brisé a dû, soudainement, apprendre à vivre au sein d'un peuple autochtone, en complète osmose avec son milieu naturel.

Selon le théologien Louis Vaillancourt, qui participe au Congrès de l'Acfas, la crise environnementale confronte les humains à une conversion sans précédent. Selon le chercheur, l'humanité est maintenant forcée, pour sa propre survie, d'adopter une vision unitaire et communautaire de son vaste milieu de vie. L'humain, en effet, est en train de se défaire de sa compréhension ségrégationniste du monde, rompant avec des siècles d'une vision où l'homme occupait une place dominante, autonome, surpuissante.

Vers un changement de paradigme

Vice-doyen et professeur à la Faculté de théologie et d'études religieuses de l'UdeS, Louis Vaillancourt rappelle que l'écologie, qui signifie "science de la maison", a pour but de comprendre les interrelations des éléments vivants et non vivants qui constituent l'écosystème Terre. Par les multiples sciences auxquelles elle fait appel, l'écologie amène à prendre conscience non seulement de l'incroyable complexité de la nature, mais aussi que le monde est "un", et que nous faisons tous partie d'un tout.

Ainsi, les problématiques comme la destruction de la couche d'ozone, la pollution des mers et les changements climatiques, qui sont d'ordre planétaire, nous forcent à réaliser, et de manière radicale, que tous les constituants de la planète sont interdépendants. "Cette conscience de la globalité fait entrevoir un "nouveau monde", estime le spécialiste de la théologie écologique. Prenez en exemple les structures d'État, telles que nous les connaissons : elles sont désormais inaptes à prendre en charge la dimension globale de la crise écologique."

La conscience écologique, appel spirituel de notre temps

L'écologie, affirme Louis Vaillancourt, est dorénavant plus qu'une science : c'est littéralement une nouvelle façon de penser, et de vivre. C'est une mouvance de fond dans la culture de l'humanité, qui place les hommes au seuil d'une spiritualité nouvelle, la spiritualité écologique. "Jusqu'ici, la spiritualité s'est définie en fonction des religions, fait-il remarquer. Or, la spiritualité contemporaine est en voie de prendre un nouveau visage, avec ou sans référence à un être absolu."

Cette spiritualité moderne doit être comprise comme un processus d'intégration, qui accorde une place essentielle à l'interrelation de tous les éléments du cosmos. "L'expérience du tout des choses et de leur limite est, fondamentalement, une expérience religieuse, indique le chercheur. Un tel sens de l'appartenance peut d'ailleurs être repéré dans de nombreuses traditions religieuses anciennes, d'où un certain retour en force des spiritualités autochtones."

La prise de conscience récente que notre système biologique a ses limites constitue un point de non retour. Elle oblige l'humanité à remettre en question jusqu'aux principes qui ont servi le développement de l'Occident, et à entrevoir une manière plus inclusive, planétaire, de comprendre la communauté.

Le réalisateur James Cameron n'avait-il pas dit, d'ailleurs, que l'idée principale de son film Avatar était qu'il "nous interroge sur le fait que tout est lié, les êtres humains les uns aux autres et chacun de nous à la Terre" ?