Source: CNRS-INEE

Les acides gras oméga-3 sont des composants majeurs du cerveau. Ils ne sont pas fabriqués par notre organisme et nous devons les trouver dans notre alimentation (huile de colza, de noix ou de lin, poissons et crustacés). Malgré les recommandations nutritionnelles, les populations des pays occidentaux n'en consomment pas assez. Une expérience à laquelle ont participé des chercheurs de l'équipe Mécanismes adaptatifs et évolution (CNRS/MNHN) montre qu'une supplémentation alimentaire en oméga-3 améliore les performances cognitives chez un petit primate, le microcèbe. Une étude qui vient d'être publiée dans la revue PLoS ONE.

En plus de leur rôle cardio-protecteur, les oméga-3 pourraient avoir un effet bénéfique sur les processus de vieillissement. Des travaux conduits chez le rongeur ont démontré qu'une supplémentation alimentaire en oméga-3 s'accompagnait d'une amélioration significative des paramètres cognitifs. Cependant, ces recherches ont donné des résultats actuellement peu transposables à l'homme. Les auteurs de l'étude ont donc travaillé sur le microcèbe, un petit primate malgache, élevé au sein de l'UMR 7179, qui partage de nombreuses similitudes physiologiques avec l'humain, notamment au cours du vieillissement pour lequel il représente un très bon modèle expérimental.

Ils ont soumis pendant cinq mois un groupe de microcèbes à une supplémentation alimentaire en oméga-3. Ce régime a apporté aux animaux l'équivalent du niveau de consommation des populations côtières en France, qui correspond au niveau optimal que devrait ingérer un adulte et pour lequel des études épidémiologiques ont démontré un rôle protecteur contre l'apparition de la maladie d'Alzheimer. A l'aide d'un labyrinthe circulaire, la mémoire spatiale des microcèbes recevant ou non la supplémentation alimentaire en oméga-3 a été évaluée. Les lémuriens recevant les oméga-3 ont trouvé deux fois plus souvent la bonne sortie que ceux du groupe contrôle. Les chercheurs ont aussi noté une augmentation de l'exploration de la part de ces animaux, un comportement probablement dû à une diminution de l'anxiété.

De telles observations n'avaient jamais été réalisées chez un primate non-humain et confirment qu'il existe une relation étroite entre nutrition et fonctionnement cérébral. Ce résultat constitue donc une étape très encourageante en vue d'une application future à l'homme, dans le contexte du vieillissement, au cours duquel les fonctions cognitives, et notamment la mémoire, sont altérées. La supplémentation nutritionnelle en oméga-3 pourrait constituer une stratégie de choix dans la lutte contre le déclin cognitif, contre lequel les interventions pharmacologiques sont peu efficaces.