États-Unis – Publiée dans Animal Behaviour, une étude américaine a, pour la première fois, mis en évidence la faculté qu’ont certaines araignées de capter des informations vitales sur leurs congénères, rien qu’en parcourant les toiles tissées par celles-ci. 

Partenaire sexuelle ou ogresse à éviter ? Pour identifier l’état d’esprit d’une femelle, le mâle de la veuve noire – espèce d’araignée où Madame est volontiers cannibale – a un truc : il analyse chimiquement la toile de la belle, évitant cette dernière si elle s’avère affamée, ou la courtisant dans le cas contraire. C’est ce qu’ont démontré James Chadwick Johnson et ses collègues de l’Université de l'Arizona.

Ils ont d’abord constitué 2 ‘lots’ de femelles : les unes laissées à jeun durant un certain temps, les autres surabondamment nourries d’un criquet par semaine – "arrivés à la quatrième semaine, il était difficile de les convaincre de le manger. Mais nous voulions leur faire manger autant de criquets que possible", précise James C. Johnson. Puis, ils ont placé successivement des mâles sur des toiles tissées par des femelles repues, et sur des toiles tissées par des affamées, pour observer leurs réactions.

Des femelles moins attirantes

Les araignées mâles, qui captent les parfums grâce à leurs pattes, ont été en mesure de faire la différence juste en marchant sur la soie : ils ont effectué leur danse de séduction typique beaucoup plus activement quand ils étaient sur la soie d'une femelle bien nourrie, donc ‘apaisée’ et perçue comme une partenaire sexuelle ‘fréquentable’. Compliquant l’expérience en plaçant le mâle sur des soies ‘propres’ – exemptes de fragments de proies – toujours issues des 2 lots de femelles, ou en mettant le mâle en présence d’une femelle repue mais sur la toile d’une affamée,  les chercheurs ont confirmé leurs résultats.

Un des buts de l’étude de ces araignées – souvent citadines – est de mieux comprendre les animaux qui partagent notre environnement urbain : "Nous changeons le monde comme aucune autre espèce ne le fait, alors il me semble qu’il nous incombe de comprendre ce qui arrive quand on change les environnements", conclut le Pr Johnson.