Cultivée au Mexique, la plante servant à la fabrication de la tequila pourrait réunir les conditions nécessaires afin de produire du biocarburant, d'après une étude parue dans le journal Energy and Environmental Science.

L'agave, une plante du désert mexicain, habituellement utilisée dans la culture de production de tequila, pourrait s'avérer très utile dans la production d'agrocarburant. C'est ce qu'a montré une étude parue dans le journal Energy and environmental science.En effet, selon le chercheur Yan Xiaoyu et ses collègues, les propriétés de cette plante font d'elle une candidate idéale pour l'industrie des agrocarburants, notamment grâce au fait qu'elle pousse sur des terres désertiques et qu'elle ne nuit pas à l'alimentation humaine.

De plus, l'agave contient beaucoup de sucre qui est habituellement transformé en alcool. Mais ce sucre peut également être converti en carburant, comme l'ont démontré les chercheurs. Un processus semblable à celui qui est déjà utilisé pour la canne à sucre ou le maïs. Pour connaitre les performances de la plante, les scientifiques ont alors testé son cycle de vie complet, aboutissant à des résultats plutôt intéressants. Le carburant à base d’agave émet seulement 35 grammes de CO2 par mégajoule d'énergie produite, alors que le carburant issu du maïs en produit 85 grammes, rapporte 20 minutes.fr.

Des avantages non négligeables

Malgré ces résultats, c'est tout de même le carburant issu de la canne à sucre qui détient le record avec moins de 20 grammes de CO2 émis. Néanmoins, l'agave présente l'avantage de nécessiter peu d'eau et de s'adapter plus facilement au changement climatique. "Dans un monde où les surfaces cultivables et les ressources en eau sont de plus en plus rares, c’est un argument majeur dans l’arbitrage entre nourriture et carburant", explique Andrew Smith, scientifique à l’université d’Oxford qui a participé aux travaux.

Pour la suite, bien que des essais aient déjà été menés en Australie, les chercheurs estiment que c'est au Mexique et en Afrique qu'une telle culture gagnerait à être produite. Jusque dans les années 1970, la plante y était cultivée pour sa fibre aux multiples utilisations. Les cultures pourraient donc reprendre du service pour fournir du carburant.

L'agave n'est pas la panacée : agir de tous les côtés

Si les résultats de l'étude se sont avérés concluants, les scientifiques sont bien conscients que l'agave n'est pas non plus la solution au problème. Ainsi, Oliver Inderwildi, responsable des programmes de mobilité durable à l’université d’Oxford, reconnait que, certes les agrocarburants peuvent jouer un rôle crucial dans la réduction des émissions provenant des transports, mais il souligne le besoin de diminuer la demande en énergie : "les biocarburants ne seront pas suffisants si l'on opère pas une réduction de la demande, étant donné qu'il n'y aura pas assez de terres à la fois pour l'agriculture et pour la production d'agrocarburant".

Il explique également au Guardian que la solution provient plutôt de moteurs au meilleur rendement mais aussi de voitures électriques, indiquant pour l'exemple que "nous n'allons pas pouvoir alimenter tous les transports américains en agrocarburant".