Devant l’explosion attendue de la population mondiale —et bientôt trois fois plus d’habitants en Afrique— les experts se déchirent sur la meilleure manière de nourrir les masses.

Les démographes du monde entier viennent de revoir à la hausse leurs estimations de la population mondiale pour le siècle à venir. Nous sommes désormais en bonne voie pour atteindre les 10 milliards d’habitants d’ici 2100. Aujourd’hui, si l’humanité produit suffisamment de nourriture pour nourrir tout le monde, notre façon de la distribuer fait encore un milliard d’affamés.

Nul besoin d’être un enragé du malthusianisme pour s’inquiéter de la façon dont nous allons tous manger demain. Les prédictions actuelles placent les plus fortes densités de population en Asie, les plus hauts niveaux de consommation en Europe et en Amérique du Nord, et la plus forte poussée démographique en Afrique —où la population pourrait tripler (fichier Excel) au cours des 90 prochaines années.

Le Malawi, pays-test des projets de développement

Il existe cependant des projets pour nourrir le monde. Le Malawi est l’un des pays qui a servi de banc d’essai aux experts mondiaux du développement. Sans accès à la mer, le Malawi figure invariablement parmi les pays les plus pauvres du monde. Les derniers chiffres indiquent que 90% de ses 15 millions d’habitants vivent avec l’équivalent de moins de deux dollars par jour (1,4 euro). À la fin du siècle, sa population devrait avoisiner les 132 millions.

Aujourd’hui, quelque 40% des Malawites vivent sous le seuil de pauvreté, et l’une des raisons de cette pauvreté chronique et répandue est que plus de 70% des Malawites vivent dans des zones rurales. Là, ils dépendent de l’agriculture —et presque tous les agriculteurs cultivent du maïs. «Chimanga ndi moyo» («Le maïs c’est la vie») comme l’affirme un dicton local, mais le cultiver est si peu rentable que peu de gens peuvent se permettre de manger autre chose.

Si vous arrivez au Malawi en mars, juste après la saison des pluies, faire pousser de la nourriture semble un jeu d’enfant. Difficile de trouver un arpent de terre rouge qui ne soit pas couvert de hautes pousses vertes. Depuis la route, on voit les épais pieds de maïs bientôt mûrs, entourés de courges et de haricots. Même les champs de tabac donnent bien cette année. Mais le calme n’est qu’apparent. Les terrains ondulants du Malawi sont comme un champ de bataille sur lequel s’affrontent trois visions différentes de l’avenir de l’agriculture mondiale.

L'agriculture à grande échelle, une solution?

La première idée pour le développement du Malawi —la plus vénérable— envisage ces agriculteurs comme les survivants d’un style de vie condamné qu’il faut aider à passer l’arme à gauche. L’économiste d’Oxford Paul Collier est l’incarnation de cette vision «moderniste», qu’il a présentée dans un article cinglant en novembre 2008 dans le bimestriel américain Foreign Affairs, dans lequel il dézingue les «romantiques» nostalgiques de l’agriculture paysanne.

Ayant observé que d’une part, les salaires dans les villes étaient plus élevés qu’à la campagne, et que d’autre part tout grand pays développé est capable de se nourrir sans les paysans, Collier prône les vertus de l’agriculture à grande échelle. Il appelle aussi l’Union européenne à soutenir les cultures génétiquement modifiées et les États-Unis à éliminer les subventions nationales en faveur des agrocarburants. Il a raison à 30%: les subventions pour les agrocarburants sont ineptes en effet, notamment parce qu’elles font grimper les prix des aliments, siphonnant les céréales des assiettes des plus pauvres pour les déverser dans les réservoirs des voitures des plus riches —avec, au mieux, un gain environnemental très limité.

Le mépris de Collier à l’égard des paysans semble cependant reposer sur autre chose que sur des faits. Bien que l’«agribusiness» international ait généré de grands profits depuis l’avènement de la Compagnie des Indes Orientales, il n’a enrichi ni les fermiers ni les ouvriers agricoles, qui sont invariablement les plus pauvres dans toutes les sociétés. La «big agriculture» mérite son surnom; elle a tendance à travailler de façon plus lucrative avec des plantations à grande échelle et des exploitations pour lesquelles les petits agriculteurs représentent à peine plus qu’un obstacle.

En réalité, il s’avère que si vous voulez améliorer le sort des pauvres de ce monde, il est plus intelligent d’investir dans leurs fermes et leurs lieux de travail que de les envoyer à la ville. Dans son rapport sur le développement dans le monde de 2008, la Banque mondiale rapporte qu’en effet, investir chez les petits agriculteurs figurait parmi les moyens les plus efficaces et les plus rentables de les sortir de la pauvreté et de la faim. Ce fut un aveu difficile, car la Banque a longtemps prêché le genre de développement agricole de Collier.

Cultures et dépendance

Les organisations d’agriculteurs, du Malawi à l’Inde en passant par le Brésil, n’ont eu de cesse de souligner que l’accès aux terres, à l’eau, à une technologie durable, à l’éducation, aux marchés, aux investissements d’État et par-dessus tout, l’accès équitable aux marchés nationaux et internationaux, les aideraient. Mais il a fallu trois décennies de politiques lamentables avant que l’establishment du développement ne le comprenne —et d’ailleurs ce n’est pas encore tout à fait acquis.

L’héritage colonial du Malawi a longtemps suivi la sagesse économique conventionnelle, avec l’exportation de produits dans lesquels le pays avait un relatif avantage (le tabac, dans le cas du Malawi) et l’utilisation des fonds obtenus pour acheter sur le marché international des biens qu’il ne produisait pas. Mais quand les prix du tabac baissent, ce qui est arrivé récemment, les devises étrangères permettant de s’aventurer sur les marchés internationaux se font plus rares.

Comme il n’a pas d’accès à la mer, le Malawi est contraint de payer les céréales plus cher que ses quatre voisins (le Zimbabwe, le Mozambique, la Zambie et la Tanzanie) simplement parce que l’acheminement lui coûte davantage. Selon une estimation, le coût marginal de l’importation d’une tonne de maïs d’aide alimentaire est de 400 dollars, contre 200 dollars la tonne pour l’importer commercialement, et seulement 50 dollars en le cultivant localement à l’aide d’engrais. Alors que les prix de la nourriture et des engrais doivent augmenter, le Malawi ferait bien de considérer le degré de vulnérabilité aux caprices des marchés internationaux auquel il accepte de se soumettre.

L'engrais contre les donateurs internationaux

Cela explique en partie pourquoi, à la fin des années 1990 —presque dix ans avant que cela ne devienne la mode— le Malawi s’est rebiffé contre ses donateurs internationaux et a décidé de dépenser la plus grande partie de son budget agricole en engrais, premier ingrédient et peut-être le plus nécessaire pour préparer la terre à produire des récoltes viables. Le gouvernement donna aux agriculteurs un «kit de départ» avec suffisamment de haricots, de graines améliorées et d’engrais pour cultiver environ 800 mètres carrés. Ce qui ne plut pas du tout aux donateurs internationaux. Un responsable de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (Usaid) accusa ce programme de condamner les fermiers à une «roue de la pauvreté» qui les forcerait à produire juste assez de maïs pour survivre, mais jamais suffisamment pour s’enrichir.

Bien que le programme connût un succès modeste, il décolla vraiment quand le président malawite Bingu wa Mutharika le prolongea pendant la saison des récoltes 2005-2006, quadruplant les quantités d’engrais disponibles. Certes, il était motivé par des promesses politiques intérieures, mais son timing international s’avéra parfait; il adoptait une politique dont l’avènement était justement venu. Et c’est pour cette raison que ce qu’il se passe dans les champs malawites aujourd’hui importe tant au-delà de ses frontières.

La Révolution verte

Pour comprendre pourquoi, un rapide aperçu de l’histoire des politiques agricoles dans les pays en développement s’impose. Surtout avant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup d’entre eux étaient considérés comme des garde-manger juste bons à être pillés par leurs colonisateurs. Les régions rurales postindépendance furent souvent les contributrices nettes des revenus des gouvernements, mais une certaine stabilité était garantie grâce aux programmes gouvernementaux d’achat des cultures à prix fixes.

Dans le monde entier (surtout en Asie) la période d’après-guerre vit des gouvernements contraints de nourrir des populations agitées se demandant de plus en plus si leur sort ne s’améliorerait pas en choisissant le socialisme et une redistribution des terres. Pour mener la guerre froide à l’étranger, le gouvernement américain et des fondations clés investirent lourdement dans des technologies agricoles comme les semences améliorées et les engrais. Ces technologies étaient destinées à laisser la terre entre les mains de ses propriétaires féodaux, à assurer une abondance de nourriture et à garder les communistes à distance. En 1968, William Gaud, administrateur de l’Usaid, surnomma le phénomène la «Révolution verte», car elle allait pouvoir empêcher la rouge.

Pour toutes sortes de raisons, principalement géopolitiques, la Révolution verte fut mise en place avec moins de ferveur et de succès en Afrique qu’en Asie. Le Centre international de développement des engrais a observé en 2006 que des nutriments d’une valeur de 4 milliards de dollars étaient extraits du sol africain par des fermiers qui, luttant pour joindre les deux bouts, ne rendaient pas l’azote, le potassium et le phosphore au sol sous leur pied.

Le remède pour pallier le déclin de la qualité des sols ne consiste pas à s’attaquer aux causes politiques de la panique environnementale des fermiers —ce qui a été systématiquement négligé depuis les années 1980, du propre aveu de la Banque mondiale dans une évaluation interne— mais à utiliser la technologie pour nourrir les sols. En 2006, la Rockefeller Foundation (sponsor d’origine de la Révolution verte en Asie) a rejoint la Gates Foundation pour lancer l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra). C’est la deuxième tentative de politique de développement caressant l’espoir de nourrir l’Afrique.

L’Agra prétend avoir tiré des leçons du passé, rejeter la vision de Collier et se concentrer sur des politiques qui «contrairement à la Révolution verte en Amérique latine, qui a principalement bénéficié aux grands exploitants agricoles parce qu’ils avaient accès à l’irrigation et qu’ils étaient donc en position d’utiliser les variétés améliorées [...] sont spécifiquement conçues pour surmonter les défis auxquels sont confrontés les petits fermiers». 

Cela a-t-il fonctionné au Malawi? Tout dépend de l’objectif visé. Si le but était d’augmenter la production, alors oui. Bien que l’économiste et directeur de l’Earth Institute Jeffrey Sachs ait récemment gonflé les chiffres en insinuant que la production avait doublé grâce aux subventions pour les engrais (elle n’a en réalité augmenté de que de 300.000 à 400.000 tonnes, soit de 15%, le reste étant principalement dû au retour des pluies), la quantité de maïs produite au Malawi a indubitablement augmenté.

Le rendement n'est pas signe de bonne nutrition

Cependant, comme le savent trop bien les 50 millions de personnes en état d’insécurité alimentaire aux États-Unis, le fait qu’un pays dispose d’assez de nourriture pour tout le monde ne signifie pas automatiquement que tous mangent à leur faim, et le Malawi a encore plus que sa part d’enfants sous-alimentés aux yeux vitreux. Les enfants souffrant de faim chronique sont de petite taille pour leur âge et le nombre d’enfants ainsi atteints de malnutrition —«rachitiques» disent les statistiques— reste obstinément élevé depuis le lancement des subventions.

Mesurer l’augmentation des rendements de production de maïs grâce aux engrais et aux kits de démarrage ne se traduit pas nécessairement par une société bien nourrie et économiquement viable en terme d’agriculture.Ce qui ne surprend en rien Rachel Bezner Kerr, qui enseigne la géographie à l’University of Western Ontario et travaille également au Malawi en tant que coordinatrice de projet pour le Soils, Food and Healthy Communities Project.

«N’importe quel nutritionniste sait pertinemment qu’une augmentation de la production ne conduit pas automatiquement à une meilleure nutrition», explique-t-elle.

Bezner Kerr m’a confié que davantage de récoltes dans les champs et une meilleure production peuvent en réalité avoir un impact négatif, en «sortant les femmes du foyer et en les éloignant des tâches domestiques. En particulier lorsqu’elles nourrissent de jeunes enfants, cela peut mener à de plus mauvais résultats nutritionnels». Ce qu’il se passe à la maison est absolument crucial pour transformer une plus grande production en meilleure nutrition.

Le sexe importe vraiment en termes d’alimentation et d’agriculture. 60% des humains souffrant de malnutrition sont des femmes ou des filles. Et pourtant, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a récemment signalé qu’en augmentant leur accès aux mêmes ressources que les hommes, les femmes pouvaient augmenter leur production agricole de 30%, ce qui se traduit par une augmentation de 4% de la production agricole totale dans les pays en développement. Au Malawi, 90% des femmes travaillent à temps partiel, tout en étant payées quelque 30% de moins que les hommes pour les mêmes travaux.

Les femmes portent aussi le fardeau des soins, surtout dans un pays ravagé par le sida. Même quand elles possèdent leurs propres terres et ont accès aux mêmes ressources que les hommes, elles se retrouvent écartelées entre les exigences des soins à apporter aux enfants et aux anciens, la cuisine, aller chercher l’eau, trouver du bois pour le feu, planter, arracher les mauvaises herbes et moissonner.

Privilégier l'agroécologie plutôt que les engrais

Ces problèmes se résolvent plus efficacement en transformant la société avec des programmes comme le Soils, Food and Healthy Communities Project plutôt qu’à coups de produits chimiques. Et ce sont pourtant précisément les programmes de ce genre qui sont exclus par les subventions sur les engrais. Le programme pour les engrais est un enfant jaloux qui a sucé toutes les ressources des autres initiatives.

Le coût d’opportunité des engrais pour les fermiers c’est de l’argent qui aurait pu être consacré à autre chose —une question grave alors que les cours mondiaux des engrais sont en train de s’envoler. Des recherches menées par la Banque mondiale en Amérique latine (PDF) et dans le Sud-Est asiatique (PDF) laissent penser qu’il est plus intelligent pour le gouvernement de subventionner des biens publics comme la recherche agronomique, les services d’appoint et l’irrigation plutôt que de canaliser l’argent vers des initiatives privées comme les engrais.

Encore une fois, la question dépasse les frontières du Malawi, surtout en Afrique subsaharienne. On prévoit que la croissance de la population mondiale sera conduite par les «pays à fertilité élevée», dont la plupart sont en Afrique. Le Rapporteur spécial de l’Onu sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter a récemment avancé que le monde pourrait être mieux nourri non pas en déversant des produits chimiques dans le sol, mais en utilisant des techniques «agroécologiques» de pointe pour encourager sa fertilité, et en mettant en œuvre des politiques pour atteindre une durabilité environnementale et sociale.

Dans une étude portant sur 286 projets d’agriculture durable dans 57 pays en développement et couvrant 37 millions d’hectares, une équipe dirigée par le scientifique environnemental britannique Jules Pretty a découvert des augmentations de production de 79% —encore une fois bien supérieures aux résultats obtenus par les subventions sur les engrais au Malawi, et permettant une gamme de bénéfices écologiques et sociaux bien plus large qu’une augmentation de la production alimentaire.

Le succès de ces programmes s’explique en partie parce qu’ils n’envisagent pas la faim comme la conséquence d’un excès de paysans ou d’un manque de terre, mais comme le résultat de causes environnementales, sociales et politiques complexes. Les chimistes ne suffisent pas à régler le problème de la faim ; il faut aussi des sociologues, des pédologues, des agronomes, des ethnographes et même des économistes. Payer leur savoir-faire représente le coût d’opportunité correspondant à la dépense de précieux dollars en engrais importés.

Naturellement, l’agroécologie part dans une démarche totalement différente de celle des laboratoires étrangers qui se contentent de vous coller leur technologie dans les bras avec la notice d’utilisation. Les programmes requièrent bien plus de travail pédagogique participatif et d’investissements dans les biens publics que ce que le gouvernement malawite et les donateurs semblent actuellement enclins à fournir.

L’agroécologie est la troisième vision d’un développement pour un avenir meilleur. Au Malawi, elle fonctionne. En cultivant des doliques et des arachides avec le maïs —et donc en étendant la variété des récoltes— le programme de Bezner Kerr a battu le rendement du programme d’engrais de 10% et également amélioré les résultats nutritionnels. Pourtant, même l’agroécologie a ses limites. 15% des Malawites restent extrêmement pauvres, vivent avec moins d’un dollar par jour et n’ont pas les moyens d’acheter de quoi suffisamment se nourrir. En général, ce sont ceux qui ne possèdent pas de terres, ou bien de mauvaise qualité, et doivent les louer au moment de la récolte, juste quand ils en ont le plus besoin. Eux restent à l’écart du miracle malawite.

L’avenir n’est pas particulièrement prometteur pour l’agroécologie. Inquiet de la durabilité financière de son programme de subvention des engrais, le gouvernement malawite est sur le point de se lancer dans un projet Green Belt, qui prévoit l’irrigation de milliers d’hectares afin d’inciter des investisseurs étrangers à se lancer dans l’exploitation à grande échelle de canne à sucre et d’autres cultures destinées à l’exportation. Les devises obtenues par ce programme, espère-t-on, financeront les dépenses en engrais. Le résultat devrait contribuer à équilibrer la balance courante du pays, mais aura pour conséquence de déplacer des milliers de petits propriétaires afin de libérer des terres qui attireront le genre d’agriculture à grande échelle prônée par Collier.

A nouveaux enjeux, nouvelle politique

Lorsque l’on tient compte des nouvelles projections démographiques pour le XXIe siècle, il semble stupide de s’accrocher à des politiques agricoles du XXe siècle. N’oublions pas que les interventions agroécologiques au Malawi se sont attaquées au problème de la responsabilisation des femmes. Le prix Nobel Amartya Sen est connu pour avoir avancé que peu de politiques ont un meilleur potentiel pour améliorer la vie individuelle, familiale et communautaire (et faire baisser le taux de fertilité) que l’éducation —et tout particulièrement celle des femmes et des filles.

Les prophéties des démographes varient beaucoup; selon les hypothèses, on se retrouve avec un monde constitué de 8 à 15 milliards d’êtres humains. Quoique nous réserve l’avenir, cependant, il est clair qu’un monde dans lequel chacun mange à sa faim dépendra du pouvoir laissé aux femmes, et, plutôt que de considérer ce fait comme hors de propos dans la problématique de l’alimentation mondiale, l’agroécologie le place en plein milieu.

Une bonne partie des politiques agricoles passées ont été conçues économiquement soit pour bombarder les villages afin de les sauver, soit pour administrer une dose technologique en urgence pour retarder les politiques. Collier veut se débarrasser des paysans. La nouvelle mode est de les garder, mais de les laisser barboter dans les produits chimiques jusqu’aux genoux.

Si nous voulons sérieusement nourrir ceux qui ont faim, au Malawi ou n’importe où ailleurs, il nous faut reconnaître que la majorité des affamés sont des femmes, et qu’il faut dépenser davantage de fonds publics, et non privés, au bénéfice de ceux qui sont le moins aptes à maîtriser les ressources rurales. Car lorsqu’il s’agit de cultiver de quoi manger, ceux qui s’occupent de la terre sont loin d’être les derniers des imbéciles.

Raj Patel